Tsubaki était bien embêtée. Par cette belle après midi de printemps elle se retrouvait à descendre les marches grinçantes d'un vieil escalier en bois pas très rassurant menant vers les obscurs sous-sols.
La jeune fille derrière elle devait l'être encore plus. Elle avait accosté Tsubaki les larmes aux yeux et toute tremblotante. Des élèves de sa classe lui avait piqué son sac pour le jeter dans les sous sols, son gage était d'aller le rechercher mais elle était visiblement morte de trouille.
Et c'est là que notre héroïne entrait en jeu.

"Je te rejoins dès que tu m'assures qu'il n'y a rien, hein ?" Lança celle qui semblait bien être une gamine de cinq ans derrière Tsubaki.

La jeune fille ne daigna même pas répondre. Tout ce qu'elle voulait, elle, s'était s'attirer les bonnes grâces des élèves de sa classe. S'était incroyable, et dire qu'elles étaient dans la même classe. La demoiselle n'en revenait vraiment pas. Elle ne savait pas ce qui faisait si peur à l'élève qui dans son dos sanglotait comme une enfant mais elle doutait que ce soit autre chose qu'un monstre imaginaire.

Tsubaki arrivait bientôt aux dernières marches de l'escalier en piteux état et dû bientôt plisser les yeux pour apercevoir quelque chose. Il n'y avait rien d'autre que des ombres. La jeune fille tâta le mur de la main à la recherche d'un interrupteur mais elle ne trouvât rien d'autre que des insectes indignés et de la moisissure. La nouvelle élève soupira, cette école était décidément géniale... Elle créa une petite sphère de lumière dans le creux de sa main et la laissa s'élever à une hauteur raisonnable. Voilà qui était beaucoup mieux.
La jeune Tsubaki prit une grande inspiration et se mît à observer les environs. À son grand étonnement les sous-sols de l'établissement était vraiment énormes. Et surtout pleins d'immondices de toutes sortes. Des vieux bureaux moisis étaient entassés dans un coin, des portes défoncées (?) trainaient sur le sol, des dizaines et des dizaines de bouteilles en verre vides étaient alignées sur le carrelage dégoûtant et un joli sac rose bonbon à l'effigie d'Hello Kitty reposait au côté d'un rat crevé. L'expiration de la petite blonde fût longue. Il n'y avait pas de monstre sous l'escalier, si l'élève en détresse avait peur de débris elle n'avait pas sa place dans cette école. Son héroïne en tout cas, n'y comprenait rien à rien.

Elle ramassa le sac d'un air résigné et se dirigea lentement vers l'escalier. En montant quelque marche, la lumière de l'école l'éblouit pendant quelque seconde et sa sphère lumineuse se dissipa. La demoiselle n'avait grimpé que la moitié de l'escalier mais c'était entièrement suffisant pour voir que la petite fille pleurnicharde l'avait abandonnée. Tsubaki lâcha le sac qui dégringola les escaliers. On s'était moqué d'elle, ou bien cette sale petite idiote avait vraiment une peur bleue du noir. Et comme l'idiote en question avait réussi à intégrer Djoto la première option s'avérait être la plus probable. La demoiselle ne supportait pas qu'on se paye sa tête surtout lorsqu'elle était généreuse. Voilà qu'elle allait se remettre en colère. La jeune fille serra les poings d'un air rageur. Tsubaki était immobile dans la semi pénombre avec pour seule compagnie un rat crevé.

Shin en avait ras le bol de ce concierge de mer** qui ne savait pas faire correctement son travail. Pour la deuxième fois en un mois, cet abruti avait probablement jeté la veste du fier combattant dans les poubelles, qui avaient sans doute finis dans la cave, vu que le camion n'était pas encore passé pour ramasser les ordures (d'après cet imbécile de Remo Williams, qui n'était peut-être pas non plus l'Exécuteur le plus fiable, m'enfin bon.)

Le chef du clan Katana se dirigea donc vers les sous-sols, mains dans les poches, grommelant tout seul et maudissant intérieurement tous les fonctionnaires de la terre ainsi que les membres de l'équipe technique de Djoto. Quand il sera chef des Exécuteurs, cela ne se passera plus comme ça ; il ne serait pas aussi laxiste que ce crétin de Mitsuomi, et dirigerait toute l'école d'une main et une volonté de fer, telles qu'on lui les connaissait.

Il ouvrit la porte principale de la cave d'un coup de pied, laissant pénétrer un peu de lumière dans ces sous-sols obscurs, et libérant un peu de la puanteur abyssale qui était contenue dans ce lieu de tous les diables. Shin se surprit à rire, trouvant que, finalement, il se sentait chez lui ici bas. Puis, sans rien attendre, il se mit à descendre les marches de bois usé en sifflotant doucement, les pensées ailleurs.

Il venait de traverser à peu près la moitié des escaliers quand soudain, il remarqua qu'il n'était pas seul. Surpris, mais sur ses gardes, il posa la main sur le pommeau de son Katana, et, agressif, siffla ;

"Qui est là ?! Montre-toi, ou bien je te promets que je te trancherai la gorge, chien !"

Et il se calma quelque peu en voyant une jeune fille qu'il pensait ne pas connaître se présenter non loin devant lui.

"Qu'est-ce que tu fiches ici, toi ?!"

Tsubaki avait été prise par surprise. Elle qui avait été sur le point de se mettre en colère s'était lentement calmée dans cette pénombre reposante. Les yeux mis clos et desserrant les poings elle avait pu retrouver toute sa sérénité. Mais voilà qu'un intrus avait fait son apparition !
Tout d'abord, la jeune fille avait décidé de ne pas bouger. Si c'était cette gamine sournoise qui lui avait fait la blague débile du sac elle ne devrait rien dire. Tsubaki avait trop peur de se remettre en colère, elle préférait fermer les yeux sur la plaisanterie même si ça ne lui faisait pas vraiment plaisir. Si c'était quelqu'un d'autre cela n'avait aucune importance. Enfin, tout dépendait de la nature de l'être qui venait d'entreprendre la longue descente vers les sombres sous-sols de l'école.

La petite blonde se plaqua contre le mur et maitrisa sa respiration. Elle pouvait le sentir. Il avait une aura très forte mais qu'il semblait étrangement contenir. Tsubaki pouvait tout de même la ressentir, c'était comme si il avait accumulé une quantité impensable de colère en lui. C'était quelqu'un de dangereux. La jeune fille avait fait une analyse de la situation en quelques secondes et se sentit étrangement stupide. Elle n'aimait pas définir le caractère des gens à la simple force que ceux-ci dégageaient. Et puis, ça lui faisait froid dans le dos. La demoiselle espérait avoir tort sur le type qui était maintenant en train de gueuler dans le noir.

Elle se détacha lentement du mur pour lui faire face. Le type en question se révélait être un adolescent aux longs cheveux pendouillants et malheureusement, beaucoup beaucoup plus grand qu'elle. Il lui cracha une question à la figure, la jeune fille eut véritablement l'impression qu'il lui avait postillonné au visage. Elle ignora le fait en battant lentement des cils, ouvrant et refermant les poings en essayant de ne pas laisser paraître son mécontentement. Tsubaki ne supportait déjà pas ce gars, désagréable, gueulard, pénible, pénible...

La jeune fille lui lança alors son sourire le plus faux. Timide, mignon, légèrement embêté et intimidé, elle espérait que son interlocuteur n'y verrait que du feu. Dans tout les cas, ce n'était pas son problème. La nouvelle élève baissa lentement les yeux et se gratta la tête d'un air ennuyé. Puis leva lentement son regard vers lui. Elle était polie, si ça se trouve ce type était sympa mais ne savait pas donner bonne impression... Tsubaki allait essayer de lui être agréable.

"En fait, je cherchai quelque chose... Mais je ne l'aie pas trouvée. Désolée du dérangement..."

La jeune fille pria intérieurement que l'adolescent en face d'elle ne l'ennui pas plus et avança lentement. Elle retint son souffle en passant à côté de lui, ce type lui faisait peur, elle ne voulait pas rester plus longtemps enfermée dans une pièce avec lui.

La fille essayait de cacher quelque chose, et surtout de se dérober sans devoir subir l'interrogatoire de Shin. Celui-ci, qui n'appréciait guère ce genre de chose, n'allait pas la laisser faire sans réagir. Tandis qu'elle passait à côté de lui, très grossièrement, Shin l'attrapa par le col et la ramena vers lui, la soulevant du sol sans la moindre difficulté. Elle était très légère...Il la fixa un instant dans les yeux, avant de lui lâcher ;

"Qu'est ce que tu pourrais bien être venue chercher dans ces caves toute pourrie ?! Cela ne me plait pas vraiment de savoir que tu te balades dans un endroit où moi et mon clan traînons parfois. J'espère que tu n'essayes pas d'empiéter sur mes plates-bandes, je déteste qu'on me défie, je dois te mettre au courant. En plus je..."

Soudain, une sorte de grognement résonna quelque part loin d'eux, dans les sous sols extrêmement étendus de l'école, bientôt suivi d'un véritable hurlement animal. Surpris, Shin lâcha la jeune fille et remit la main sur le pommeau de son katana, en garde.

"Bordel...c'était quoi ça ?!"

Il se tourna à nouveau vers l'inconnue dont le visage avait tout à coup pâli. La présence d'un animal (monstre) dans les environs n'était évidemment pas des plus rassurantes, même pour Shin. Malgré toutes les fois où il s'était baladé dans les sombres couloirs du sous-sol, il n'avait jamais rien entendu de tel, et ne savait pas vraiment comment réagir. Sa première pensée était qu'il voulait aller voir ce monstre de plus près, mais il l'enleva rapidement de son esprit. Dans un endroit comme Djoto, il n'avait aucune idée de ce face à quoi il pourrait tomber, et, malgré la confiance qu'il avait pour lui et sa force, il n'avait pas vraiment envie de se faire dévorer par une créature inconnue. Il se tourna à nouveau vers la jeune fille, qui n'avait toujours rien dit.

"Ecoute moi, tu as entendu comme moi ce hurlement bestial. Alors tu vas me suivre en haut, on va prévenir tout le monde qu'il y a quelque chose dans ce sous-sol. J'ai besoin de toi comme témoin, sinon, ils risquent tous de dire que je suis cinglé, ce ne serait pas la première fois. Je ne te laisse pas vraiment le choix, mais de toute façon, j'imagine que tu n'as rien de mieux à faire, vu que tu étais en train de perdre ton temps à traîner ici. Disons que je suis en quelque sorte ton sauveur. Je connais bien cet endroit, et sache qu'au fond de cette pièce, il y a trois portes sensées être condamnées derrière lesquelles s'étendent les couloirs sinueux et obscurs des sous-sols de Djoto. Même moi je ne les ai pas tous explorés, pourtant quand j'étais plus jeune avec mes potes Bunshichi et Mitsuomi ils nous est arrivés de fuir les anciens Exécuteurs ici. Enfin soit, je ne vais pas te raconter ma vie, remontons."

Et, tandis qu'il se dirigeait vers l'escalier, un nouvel hurlement féroce retentit, quelque part dans le sous-sol. Shin découvrirait coûte que coûte de quelle créature il s'agit. Suivit de la jeune fille, il remonta les escaliers. Il prévoyait déjà de se rendre d'abord à l'étage des garçons, puis celui des filles pour rameuter un maximum d'élèves et organiser une espèce de battue. Oui, ça, c'était un bon plan.