Emi attendait patiemment Gurdo, esperant qu'il ne tarderait pas trop même si elle savait qu'il était gravement blessé : la rumeur avait parcouru tout l'Institut, jusqu'à ses oreilles.

Elle était à nouveau assise dans le grand fauteuil de Mitsuomi, très confortablement installée. Il ne manquait plus que Gurdo pour démarrer la réunion, et elle pourrait enfin commencer et s'acquitter de cette tâche qu'elle jugeait ennuyeuse.

(Je te rappelle que je t'attend, ami cyborg =D)

Etait-ce là un honneur, ou une énième insulte ? Gurdo avait été convoqué par le tout puissant club des exécuteurs, pour une raison inconnue, même si ce n'était pas très dur à deviner. Malgré son état assez grave, le cyborg se devait les honorer de sa présence, puisqu'elle était si gentiment demandée. Autant faire bonne figure aurpsè des autorités de l'école, et de leur montrer qu'après tout, il était plus civilisé que la plupart d'entre eux. Il n'avait encore jamais eu affaire avec les exécuteurs, et c'était donc l'occasion de les mettre dans sa poche, et peut-être de les monter définitivement contre Shin, même s'il avait entendu que des tensions existaient déjà entre eux. Il allait pouvoir jouer avec cela, et en profiter pour se débarasser de cet ennemi pour le moins gênant.
Il se déplaçait déja très facilement dans les couloirs de l'école, qu'il avait gravé dans son esprit grâce à ses nombreux logiciels espions. Il connaissait déja le chemin pour arriver jusqu'à la salle de réunion des exécuteurs comme sa poche, presque comme si il l'avait déjà parcouru des centaines de fois auparavant. Cela pourrait à coup sûr lui être utile. Il ne crausa pas âme qui vive pendant sa route, l'heure matinale devant probablement y être pour quelque chose. A midi, rares étaient les étudiants encore debout dans cette école, bande de gamins paresseux. C'était franchement décevant, de la part de si grands "guerriers". Ridicule.
Gurdo arriva donc assez rapidement devant la porte de la salle du club des Exécuteurs, qui n'était guère impressionnante. Une simple ouverture comme les autres, voire moins belle, moins soignée, plus banale. Indigne de ceux qui faisaient règner l'ordre et la discipline dans l'établissement. Petite déception, donc, qu'il mit rapidement de côté. Ce n'était au final que futilité.
Il frappa la porte et en tourna la poignée sans attendre de réponse, s'invitant lui-même comme il en avait l'habitude. C'était certainement fort malpoli, mais il ne pouvait changer cela, c'était comme gravé dans son inconscient...Et puis de toute façon, si cela gênait, il n'en avait que faire.
Il entra dans la pièce et se retrouva nez à nez avec une jeune fille, qui devait faire tourner la tête des élèves masculins tant sa beauté était grande. Gurdo y était bien sûr insensible, mais cela ne comptait pas. Sans attendre une seconde, le silicate ferma la porte et s'inclina respectueusement, comme il le faisait à chaque nouvelle rencontre.
"Je vous souhaite le bonjour, honorable exécutrice. Vous m'avez convoqué, je suis venu. J'attends à présent la raison de cette convocation, qui, aussi agréable qu'elle soit, m'a fortement surpris."
Et il se tut, attendant la réponse de son interlocutrice.

Emi Isuzu n'avait même pas eu le temps de répondre que déjà la porte s'ouvrait, laissant enfin entrer celui qu'elle attendait depuis si longtemps. Apparemment, ce cyborg surdéveloppé n'avait pas de montre, vu le retard qu'il s'était permis d'accumuler ! Qu'importe, Isuzu avait d'autres chats à fouetter, et désirait simplement se débarasser de celle-ci, qu'elle jugeait ingrate et ennuyeuse. Elle allait devoir jouer les redresseuses de tort, à nouveau, ce qui ne lui déplaisait pas tant que ça d'habitude.
D'emblée, Gurdo la mit quelque peu mal à l'aise, à cause de son apparence et de l'étrange aura qu'il dégageait, et des rumeurs qui couraient sur lui depuis son arrivée dans l'Institut. Mais il en fallait beaucoup plus pour impressionner la grande Isuzu, vice présidente du Club des Exécuteur. Elle en avait vu d'autres.
"Et bien, ce n'est pas trop tôt. Tu en as mis du temps pour arriver...Jouer les troubles fêtes ne t'a apparemment pas suffi, il faut en plus que tu te fasses désirer...A mon avis tu t'es très bien adapté à cette école, peut-être même trop bien. Soit. Depuis ton arrivée, tu sembles être la cause de divers troubles, notemment avec le clan Katana. Je t'ai convoqué afin de te prévenir amicalement. Ici, ce clan est assez respecté, ou plutôt, est craint. En les provoquant comme tu l'as fait, tu mets la vie des autres étudiants en danger, ce que nous ne pouvons bien entendu pas tolérer. Ainsi, je vais être claire : tiens toi à l'écart de Shin Natsume, et cesse de le défier, ou tu t'attiras nos foudres à nous, les Exécuteurs. C'est juste à toi de voir, je te laisse le choix, mais je pense que tu comprendras ma position."
Elle se tut, joignant les mains d'un geste purement professionnel. Elle fixa un instant son interlocuteur, se demandant s'il lui restait réellement une parcelle d'humanité ou si ce n'était plus qu'une sorte de robot dégénéré avide de tuerie. Dans tous les cas, celui lui était égal. Elle avait une fonction à remplir, et elle allait le faire, comme à son habitude, de manière exemplaire et sans failles.

Guère étonné par les injonctions de la vice présidente du club des Exécuteurs, Gurdo fit mine de baisser la tête, comme s'il était honteux de ses agissements et regrettait ses actes, ce qui était bien sûr à des lieues de la vérité. Comment pouvait-il en être autrement ? Enfin soit, pour l'heure, il se devait de faire profil bas, et de surprendre la jeune fille qu'il avait en face de lui, et qui devait probablement le prendre pour une sorte de monstre, comme la majorité des élèves de cet établissement. Il pouvait en profiter pour surprendre plus facilement son monde, et, en l'occurrence, une représentante du Club des Exécuteurs.
"Je comprends parfaitement vos paroles, et, en tant que représentante de l'autorité de cette école, je me dois de me plier à vos recommandations. Je ne tiens pas à m'attirer des problèmes avec vous et votre groupe, car je suis au courant que vous êtes probablement les plus puissants élèves de cette école. Encore une fois, veuillez accepter mes plus humbles excuses."
Il s'arrêta net, se rendant compte qu'il dépassait les limites, et exagérait passablement dans ses fausses excuses. Il espérait simplement que son petit numéro aurait l'effet escompté. Il baissa à nouveau la tête, mimant un homme mal à l'aise, honteux, attendant que son interlocutrice réponde à ses profonds "regrets" et ses bonnes résolutions...Quel cirque il était obligé de faire pour atteindre ses objectifs...

Emi fronça les sourcils, moins naïve que ce que semblait pensait Gurdo. Ses excuses étaient un peu trop répétitives et joliement emballées pour être franches et sincères, et Dieu sait qu'Isuzu avait l'habitude qu'on lui fasse de fausses excuses. Mais là, c'était clairement du n'importe quoi, l'autre se fichait d'elle, la prennait pour une idiote. Il fallait clarifier un peu plus la situation.

"Ecoute moi bien, Gurdo, car je ne me répéterai pas. Je ne sais pas ce que tu projettes de faire, ni pourquoi tu me mens, mais ne prends pas pour une imbécile. Dans tous les cas, je vois bien que tu te fiches de moi, tes excuses factices ne prennent pas, pas plus que ton numéro de lèche bottes. Alors, je vais te mettre en garde. Nous allons te surveiller attentivement, et si jamais tu continues tes débordements, nous agirons en conséquence. Ne nous confonds pas avec le clan Katana, nous avons réellement les moyens de te faire du mal, beaucoup de mal. Et ne te trompes pas ; nous contrôlons l'école. Nous. Pas toi. Peu importe ce que tu sembles penser dans ton petit cerveau artificiel."

A mesure qu'elle parlait, son ton s'envenimait, et sa colère montait. Elle détestait qu'on l'a prenne pour une idiote, et cela se ressentait dans sa manière de déblatérer ses menaces, qu'elle pensait réellement. Gurdo avait l'air de se prendre pour un dur, il fallait lui remettre les pieds sur terre, et c'est pour cela que le club des Exécuteurs avait été créé, des siècles auparavant. Leur rôle était déterminant pour le bon fonctionnement de la vie scolaire dans une école où la majorité des élèves étaient des combattants.

Isuzu continuait de fixer son interlocuteur d'un air sévère et furieux , attendant une quelconque réaction de sa part, prête même à se défendre si celui-ci pêtait un cable et tentait une attaque aussi idiote qu'imprévisible. Elle était déterminée à lui montrer qui était le patron, et qui devait écouter qui. Et elle connaissait son rôle sur le bout des doigts...

Gurdo avait beau etre passe maître dans l'art de mettre ses émotions de côté, et de rester sourd a ce que celles ci lui disaient, il avait tout de même du mal quand on lui parlait aussi mal que ce que faisait Emi Isuzu en ce moment même. D'accord, il l'avait prise pour une intelligence inférieure, ce qu'elle était s'il se comparait une seconde a elle, et elle avait compris directement que ses excuses étaient factices, mais tout de même, les insultes qu'elle lui balançait étaient assez énervantes.

Bien décide a ne pas se laisser faire, Gurdo leva la tête, au fur et a mesure que son interlocutrice continuait de le rabaisser sans ménagement, de plus en plus énervée. Si elle ne s'arrêtait pas d'elle même, le silicate s'en chargerait, et ça ne serait pas très agréable pour la jeune fille, quitte a se mettre à dos les autres exécuteurs. Il était prêt a accepter beaucoup, mais pas qu'on le prenne pour un minable sur qui l'on pouvait crier tout en passant ses nerfs dessus. Pour qui se prenait-elle donc ?

"Je vous conseille fortement vous taire, si vous ne voulez pas avoir de très graves ennuis, mademoiselle."

Cette phrase était sortie toute seule, sous l'effet de la colère. Ainsi, son contrôle des émotions n'étaient pas si parfait que ce qu'il pensait...aucune importance, il y remédierait plus tard. Pour l'heure, il allait devoir assumer ses paroles, car Emi Isuzu n'allait certainement pas laisser passer cela, toute prétentieuse qu'elle était. Mais il était prêt a faire face.

Emi fronça les sourcils en entendant la remarque de Gurdo, qui s'apparentait presque à des menaces. A quoi jouait-il donc, croyait-il pouvoir l'impressionner ? Si c'était le cas, il se fourrait le doigt dans l'oeil jusqu'au coude ! Elle n'allait pas se laisser faire par un élève de classe inférieure comme lui. Soudain vraiment en colère, elle se leva de son siège d'un bon, les yeux jetant des éclairs de fureur. Il voulait se frotter à elle, il voulait jauger sa force ? Il risquait fort de ne pas s'en relever, et ce serait amplement mérité.

"Tu te prends pour un dur, pas vrai ? Tu penses être le plus fort. Mais je vais t'apprendre un truc, au risque de te blesser dans ton égo. Tu es faible, Gurdo, même si tu es entièrement artificiel et que tu penses t'êtres créé le corps parfait, tu n'effraies personne, dans cette école, où nous sommes de véritables combattants. En fait, j'irai même plus loin, en t'avouant que tu nous fais honte, à essayer en vain de devenir comme nous ! Mais puisque tu sembles t'imaginer être de mon niveau, je peux te prouver que tu as tort, ça ne sera pas trop compliqué pour moi."

Elle était sûre d'elle. Ce n'était pas la première fois qu'un prétentieux personnage venait lui parler de haut comme Gurdo venait de le faire, et ça c'était à chaque fois terminé de la même manière ; Isuzu leur faisait fermer leur bouche de force, et leur prouvait qu'ils avaient tort de jouer les durs. Cette fois ci ne ferait pas exception, tant elle était en colère. Rien ne pourrait plus l'arrêter si elle commençait le combat. Elle marcha jusqu'à se retrouver juste devant son interlocuteur, levant tête pour le regarder "dans les yeux", pensant à nouveau qu'il n'avait plus grand chose d'humain.

"C'est à toi de voir. Ou bien tu t'en vas tout de suite, ou bien je te démolis, ici et maintenant, pour avoir osé me défier. Réfléchis à ce qui est le mieux pour toi, mais un conseil ; réfléchis bien. Une erreur pourrait réellement te coûter cher, mon ami."

Gurdo analysa un moment toutes les données de la situation qui se présentait à lui. Il se trouvait dans le local des Exécuteurs, et il y avait donc une chance pour que d'autres membres du Club surgissent à n'importe quel moment, prêt à porter main forte à Isuzu. Si c'était le cas, il aurait beaucoup de mal à sortir vainqueur d'un combat. De plus, comme il se le disait déjà en entrant dans la pièce, affronter les Exécuteurs maintenant risquait de lui être néfaste, à long terme. Il ne devait pas s'en faire des ennemis, et puisque sa tentative faussée d'amitié avait échoué, il devait au moins empêcher de devenir l'une de leurs cibles.

Ainsi, même si c'était dur de faire une telle chose, le Silicate était forcé d'éviter un combat qu'il pensait sincèrement avoir de grandes chances de remporter, si ils se battaient "à la régulière". Mais il était obligé de prendre en compte ses objectifs personnels, qui seraient plus durs à atteindre s'il devait continuellement se frotter à la plus haute autorité de l'école. Ce n'était décidément pas un bon calcul que de défier Isuzu pour le moment.

"Je comprends mon erreur. Je ne tiens pas à affronter un Exécuteur, quel qu'il soit, et encore moins à défier votre club dans son ensemble. Ainsi, sans perdre de temps à me confondre en excuses comme je l'ai fais il y a quelques minutes, je vais prendre congé. Mais je tiens tout de même à te dire ceci, Emi Isuzu : ne me sous-estime pas, et surtout...prend garde à toi."

Puis, sans laisser le temps à son interlocutrice de complètement saisir le sens de ses paroles, et, accessoirement, de sa menace, il se dirigea vers la porte et sortit de la salle de réunion, la laissant toute seule, sans demander son reste. Il était aller au devant de grands ennuis, stupide qu'il avait été. Il devait encore s'améliorer dans certaines domaines pour atteindre la perfection totale, et il était déçu de se rendre compte que malheureusement, il était encore loin du résultat qu'il poursuivait avec autant d'avidité.

Isuzu se crispa, serrant les poings de rage et de dépit, malheureusement impuissante après la fuite lâche et prévisible de Gurdo. Le fourbe avait osé la menacer, elle, vice présidente du club des exécuteurs, juste avant de s'échapper afin d'éviter toute sanction immédiate. Mais Isuzu n'allait pas laisser cet acte odieux et infâme impuni. Elle allait le traquer, et lui faire payer son comportement abject, indigné d'un combattant digne de ce nom. On ne se moquait pas impunément d'une exécutrice, et il allait l'apprendre a ses dépends.

Mais pour l'heure, sa mission indélicate était terminée, et elle pouvait enfin passer a autre chose, car elle avait un emploi du temps plutôt chargé, mine de rien. Il lui fallait encore convoquer quelques élèves récalcitrants, se pencher sur le dossier de Shin et celui des nouveaux inscrire afin de voir lesquels pourraient leur causer des ennuis et donc lesquels il fallait contrôler. Être une exécutrice était un honneur, mais n'était pas de tout repos !

A peine arrivée, Pcell avait commencé sa première mission, à savoir : rassembler des informations sur Gurdo, et, le moment venu lui effacer la mémoire, ou le détruire. La seconde option était la plus parfaite, sauf si cela risquait de rameuter toute l'école et de devoir combattre tous ses étudiants en même temps. Mais pour l'heure, la terrifiante chef des Silicate ne pensait pas au moyen par lequel elle ferait taire Gurdo. Certains élèves qu'elle avait déjà réussi à mettre sous sa coupe lui avaient donné quelques données pour le moins précieuses : apparemment, le guerrier faisait partie d'un clan plutôt faible de l'école, appelé le Skin Gang. Il avait participé à plusieurs combat avec ses nouveaux compagnons, obtenant des victoires et des défaites, ce qui prouvait qu'il n'était pas aussi puissant que ce qu'il prétendait depuis tout ce temps.

Mais plus intéressant encore ; il paraitrait que l'intéressé avait été convoqué par le fameux club des exécuteurs, dont Pcell avait déjà rencontré l'une des membres principales un peu plus tôt en la présence d'Emi Isuzu...et, nouvelle chance, c'était celle-ci qui avait requis sa présence, pour l'interroger ou le menacer, ça, personne ne le savait. Tout cela devenait de plus en plus intéressant pour la machiavélique femme, qui se décida à passer immédiatement à l'action : cela ne servait à rien d'attendre, à part à perdre du temps précieux, ce qu'elle ne voulait pas.

Elle se fit indiquer le chemin pour le repaire des Exécuteurs, qui consistait en une simple salle des réunions, tout à fait ordinaire. Pcell avait suivit les indications qu'on lui avait donné, les enregistra soigneusement dans sa mémoire afin de ne jamais les oublier, et se mit à traverser l'école. Elle avait aussi récolté quelques données sur la fameuse Isuzu, qui, apparemment, n'était pas la plus redoutable de son clan : c'était une simple lanceuse de couteaux, usant de vitesse et d'agilité autant que de force et de technique. Une combattante tout à fait banale que Pcell ne devrait avoir aucun mal à balayer si la situation dégénérait. De toute façon, la Silicate avait comme objectif de faire ployer le Club des Exécuteurs, dont elle n'avait aucunement peur.

Après quelques minutes de marche, elle arriva devant la porte qu'elle recherchait, celle par laquelle était sortie Gurdo quelques heures plus tôt. Déjà, elle touchait au but. Finalement, peut-être n'aurait-elle même pas du emmener les autres Silicates avec elle, rendus inutiles par son intelligence et sa débrouillardise devenues légendaires à force d'accomplir les missions les plus difficiles sans la moindre difficulté apparente. Sans s'attarder et sans appréhension, elle poussa le battant de la porte, et pénétra dans la salle, sans demander son avis à son occupante.

Car Isuzu était toujours présente, assise derrière un bureau, à écrire des choses mystérieuses dans de nombreux cahiers, fouillant dans des classeurs et des tiroires, travaillant comme une acharnée. Pcell la surprit, la faisant d'abord sursauter, puis arracher un regard suspicieux. Elle lâcha même le stylo qu'elle tenait encore quelques secondes apparemment, réellement étonnée par l'arrivée à l'improviste de la Silicate.

"Comme on se retrouve. Je crains cependant qu'à présent notre rencontre soit moins courtoise que celle que nous avons eu la chance de faire dans le hall, j'espère que tu ne m'en voudras pas. Je vais aller droit au but, afin d'éviter de nous faire perdre du temps à toutes les deux. Je veux que tu me dises où se trouve Gurdo, quelle est sa chambre, qui sont les étudiants qu'il fréquente, quels sont leurs pouvoirs et où je peux les trouver. Pour faire simple, tous les renseignements que tu as sur lui, tu me les donnes. Si tu le fais sans la moindre contestation, peut-être que je sortirai d'ici sans abîmer ta jolie coiffure. Et je réponds d'avance à ta première question : oui c'est une menace."

Gurdo venait à peine de sortir de la pièce qu'une nouvelle venue fit son apparition, lui ressemblant étrangement. Isuzu mit quelques secondes à se rendre compte qu'elle avait déjà rencontré cette "créature" un peu plus tôt dans le hall, et qu'elle lui avait laissé une curieuse impression. Mais cette fois, après cette intrusion malhabile, grossière et indiscrète, elle avait dépassé les bornes, et fait une très grosse erreur. On ne se moquait pas impunément du club des Exécuteurs, sans en subir immédiatement d'énormes conséquences, pour le moins violentes.

"J'avoue être pour le moins surprise par ton arrivée, à laquelle je ne m'attendais pas...et encore moins à la nature de tes propos ! Je suis assez sidérée par ton culot, et je ne sais trop comment réagir. J'ignore ce que tu reproches à ce point à Gurdo, mais il n'est pas question que je t'aide à mettre du désordre dans cette école. Si tu penses être assez puissante pour m'affronter, libre à toi, mais tu t'en mordras tes doigts indélicats, face de rat!"

Isuzu se leva d'un bon de se bureau, passant par-dessus celui ci, à nouveau irritée. C'était une mauvaise journée, où elle devait s'énerver contre des élèves impertinents, qui ne semblaient pas prendre conscience de la puissance sans limite des Exécuteurs, et du contrôle qu'ils exerçaient sur l'école toute entière et l'ensemble de ses étudiants. Il était temps pour Emi de faire ses preuves et de lui montrer de quel bois elle se chauffait.

Se préparant au combat qui allait certainement commencer, elle fit sortit deux couteaux, un pour chaque main, et se mit en position. Si son adversaire possédait un attirail aussi complet que celui de Gurdo, ses couteaux risquaient de ne pas être suffisants, mais c'était l'arme qu'elle maniait le mieux, ses partenaires préférés en combat. Elle allait se battre comme une tigresse, montrant à cette nouvelle élève qu'elle devait respecter le club des Exécuteurs comme si il s'agissait d'une entité divine, ou presque.

Pcell se doutait que la jeune fille qu'elle avait en face de lui réagirait de cette manière, agressive et sûre d'elle, même si elle ne se rendait pas compte de l'erreur qu'elle était en train de comettre. Tant mieux pour la Silicate, qui savait exactement comment elle devait s'y prendre avec ce genre de personnes, le genre qu'on rencontrait très souvent. Des personnages prétentieux, sûrs de leurs piètres forces, sous-estimant souvent l'adversaire qu'ils avaient en face d'eux, au risque de le regretter par après. Mais évidemment, cette donnée-là, ils ne la prenaient jamais en compte, ne songeant même pas à l'idée de perdre, qui pourtant semblant très réaliste la plupart du temps. Comme c'était le cas dans la situation actuelle.

La Silicate grimaça, tentant vainement d'imiter une sorte de sourire méprisant, une pâle copie de rictus humain qui avait tout de même l'air assez effrayant. Elle plongea son regard mort dans les yeux d'Isuzu, qui eux pétillaient d'une vie trop heureuse pour mériter un quelconque respect, tentant d'y déceler la moindre lueur de peur, d'hésitation. Etrangement, elle n'en trouva pas. Les Exécuteurs semblaient exceptionnellement sûrs d'eux, les rumeurs disaient donc la vérité. Voilà qui était amusant.

"Tu as l'audace de me défier. Ou bien tu as du cran, ou bien c'est de la stupidité, mais dans tous les cas, tu viens de te mettre dans le pétrin, mademoiselle l'exécutrice. Et je vais accompagner mes paroles d'une démonstration on ne peut plus claire, afin que tu comprennes ce que j'essaye en vain de t'expliquer, esprit inférieur."

Elle tendit le bras, faisant apparaître son canon ; une arme redoutable, qui ridiculisait le minuscule fusil que Gurdo utilisait le plus souvent. L'une des nombreuses améliorations que Pcell avait apporté aux plans de son rival, sans qu'il n'en soit au courant. Pour le moment. Elle tira un coup, surpuissant, qu'à sa grande surprise, Isuzu évita à l'aide d'un saut périlleux de toute beauté, plongea sur le côté, tandis que l'obus filait vers le mur, et l'explosa. Des gravas tombèrent du plafond, tandis qu'un énorme trou apparut dans le béton du mur et que le sol tremblait à cause de l'onde de choc. Mais encore une fois, l'exécutrice ne la jugeait pas à sa juste valeur, ce qui allait lui causer du tort. Pcell décala son bras de quelques centimètres vers la doite et tira un autre coup, puis répéta ce processus une dizaine de fois à une vitesse incroyable, provoquant une rafale d'obus surpuissants qui foncèrent vers son adversaire, le visage soudain illuminé par une expression de totale stupéfaction.

D'énormes explosions firent trembler le bâtiment dans lequel elles se battaient, tandis que la salle de réunion était en train de disparaître. L'arsenal de Pcell n'était pas fait pour se battre dans des environnements aussi étroits que ne l'était cette pièce, mais cela lui importait évidemment très peu, tant qu'elle réduisait son adversaire en bouilllie. Elle attendit ensuite que les volutes de fumée se dissipent, et de constater l'état dans lequel se trouvait l'exécutrice, qui devait avoir bien souffert à cause des multiples chocs.

Tawara était encore une fois occupé à se prélasser, se fichant totalement du travail qu'il devait officiellement accomplir, allongé dans un coin désert de l'école, quand le sol se mit à trembler. Surpris, l'exécuteur se releva, sourcils froncés, tendant l'oreille pour essayer de percevoir un son quelconque qui lui aurait permis de déceler ce qui se passait. Un tremblement de terre ? Depuis qu'il était inscrit dans cette école (et cela faisait très, très longtemps), il n'en avait jamais vu un, il doutait donc que c'était cela l'explication la plus plausible dans cette situation. Mais quoi, alors ?

Tandis qu'il se posait des tas de questions sans vraiment y réfléchir, la porte de la pièce dans laquelle il se trouvait s'ouvra, et un étudiant dont il avait oublié le nom (il y en avait tellement !) s'écria d'une voix forte, apeurée :

"Bunshichi ! Il y a un problème dans la salle de réunion des exécuteurs ! Quelqu'un est en train de tout détruire !"

Bunshichi le regarda comme si il venait de lui annoncer qu'en fait, il était sa mère, et se gratta la tête, méfiant.

"Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? Personne dans cette école n'oserait s'attaquer à nous de cette manière, pas même Shin. Tu ne serais pas en train de me faire une sorte de blague ? Si c'était le cas, je ne serai pas très content, tu en es conscient j'espère ?"

"Ce n'est pas une blague, tu n'as pas senti les tremblements, tu n'as pas entendu les bruits d'explosion ? Tous les élèves de première sont paniqués, personne ne sait ce qui se passe exactement ! En plus, il paraîtrait que Mitsuomi est parti régler une affaire personnelle en dehors de l'école !"

Bunshichi écarquilla les yeux de stupeur. Mitsuomi avait quitté l'école ? C'était une première. Et c'était ce moment là qu'avait choisi un sombre personnage pour attaquer le club des Exécuteurs. Sans doute était-ce Shin, en fait, qui comptait profiter de l'absence de Mitsuomi, croyant qu'ils en seraient affaiblis. Pourtant, il connaissant Bunshichi, sa force et sa détermination, et celui-ci ne s'était pas attendu à un tel acte de stupidité et de lâcheté.

"Bien, je vais aller voir. Toi, réunis tous les Exécuteurs que tu trouveras et envoie les me rejoindre dès qu'ils le pourront. J'espère que ce n'est pas grave, mais on ne sait jamais, si c'est Shin qui est responsable de cela, il faut s'attendre à tout. Et dépêche-toi, on a très peu de temps."

L'élève acquiesça et sortit de la pièce, suivit bientôt par Bunshichi qui avançait vite, toute expression joviale et amicale ayant disparu de son visage. Il marchait, poings serrés, anxieux, se préparant à ce qui serait peut-être son combat le plus délicat depuis bien longtemps, étant donné la manière dont il surpassait la plupart des combattants de l'institut. Et voilà que sa journée de repos s'en retrouvait totalement gâchée ! L'énergumène qui se trouvait derrière toute cette histoire allait amèrement regretter d'avoir choisi cette journée pour foutre la pagaille ; il allait faire connaissance avec double impact Tawara, le vétéran de l'école !

Arrivé à l'étage de leur QG, Bunshichi se stoppa net, incrédule. Devant lui, la porte de la salle de réunion était toujours debout, mais les murs dans lesquels elle était incrusté étaient incroyablement fissurés, comme s'ils étaient sous le point de s'écrouler. Tout autour de lui, des élèves inquiets montraient la salle du doigt, bégayant des choses incompréhensibles. Certains désignèrent Bunshichi et sourirent, certains qu'il allait mettre fin à cette situation. Celui-ci serra les dents, doutant de plus en plus que c'était Shin qui était responsable de la dégradation de leur repaire...il n'était pas du genre à tout casser, à part les dents de ses adversaires. Il avait rarement causé de tels dégâts au bâtiment de l'école.

Sans plus attendre, Bunshichi enfonça la porte d'un coup de pied négligent, sous les acclamations des étudiants qui observaient la scène, et pénétra dans la pièce, qui baignait dans une étrange obscurité, les lampes ayant sûrement été détruites. A l'intérieur, c'était le chaos. Le plafond s'était à moitié écroulé, les murs étaient mal au point, les meubles étaient complètement explosé, en mille morceaux. De la fumée commençait à se dissiper, libérant le champ de vision de l'exécuteur, qui tentait de repérer le responsable de ce carnage.

Soudain, il la vit. Une "élève" qu'il n'avait pas encore rencontré auparavant, à l'aspect pour le moins singulier, mi-femme, mi-cyborg. Elle avait un air de ressemblance avec Gurdo, même si celui-ci était assez vague. En tout cas, ils portaient le même genre de combinaison. Au bout du bras, elle avait un épais canon de métal, duquel s'échapper encore un filet de fumée, signe qu'elle était sûrement à l'origine des puissantes explosions. Sans doute ses armes étaient-elles d'un autre niveau que celles de Gurdo. Sinon, ça aurait été trop facile pour Bunshichi...qui n'était pas du tout impressionné. Il serra les poings, de rage, furieux que quelqu'un ait osé défié aussi facilement les Exécuteurs. Il s'agissait bien d'une nouvelle étudiante, ce qui expliquait ce comportement agressif et complètement cinglé.

"C'est toi la responsable, mocheté ? T'es au courant que cette salle appartient à mon groupe, et que c'est nous qui tenons l'école ? Je crois que tu vas être obligée de nettoyer..."

Il fit craquer les jointures de ses mains, assez énervé pour se battre à pleine puissance, ce qui était assez rare pour lui, surtout ces derniers temps où il n'était plus motivé par les combats. Soudain, alors qu'il fixait éperduemment les yeux sans émotion de celle qui lui faisait face, toujours silencieuse, un bruit attira son attention. Il regarda sur sa gauche, et vit Isuzu dans un sale état au sol, qui tentait de se relever péniblement, apparemment très mal au point. Bunshichi se précipita vers elle, et s'agenouilla.

"Isuzu, ça va ? C'est elle qui t'a fait ça ? Que s'est-il passé, au juste ?"

Puis, sans attendre la réponse de son amie, il se retourna, réellement furieux, vers la cyborg, et s'écria d'une voix forte :

"Je vais te réduire en pièces, sale garce !"

Isuzu avait été totalement prise au dépourvu par la rapidité et la puissance des tirs de la Silicate, qu'elle avait encaissé de plein fouet, tentant quelques esquives malheureuses, lançant même ses deux couteaux vers son assaillante, qui ricochèrent sur son armure à l'air impénétrable...et elle s'était prise l'un des chocs les plus douloureux de sa vie, et elle savait de quoi elle parlait. Elle s'y connaissant, en matière de choc !

Elle croyait déjà sa dernière heure arrivée, elle, au sol, seulement protégée par la fumée (mais son ennemie ne voyait-elle pas a travers celle-ci?), seule au monde, souffrant, n'arrivant même plus a se relever. Elle avait même reçu un coup de téléphone, entendant sa sonnerie et sentant son vibreur dans sa poche, mais elle n'avait bien sur pas la force ni le temps d'y répondre...qu'elle ironie...

Soudain, elle avait entendu la porte se faire démolir par un inconnu, qu'elle ne voyait pas encore a cause de la fumée. Pendant un instant, elle eut peur que ce soit un autre Silicate, vu la violence employée par ce nouveau venu pour pénétrer dans la salle, mais son instinct lui dictait autre chose : la présence qui venait de s'ajouter a la leur lui était familière...était-ce Mitsuomi ? Elle priait pour que ce soit le cas...

Peu a peu, la fumée se dissipa, et elle reconnut le nouvel invité, qui confirma son identité des qu'il se mît a parler a son adversaire. La voix de Bunshichi résonna dans la salle dévastée, réchauffant le cœur d'Isuzu et la réconfortant quelque peu. Ce n'était pas Mitsuomi, mais c'était le second meilleur élément de toute l'école, invaincu jusqu'à aujourd'hui, terrorisant ses adversaires avec un simple este, un simple regard. Rassurée, mais pas non plus hors de danger, Isuzu tenta de se relever afin de prévenir son ami des multiples et dangereux pouvoirs de leur ennemi. Alarmé, Bunshichi se précipita vers elle.

Isuzu tenta de se relever, puis de parler, mais rien n'y fit. Elle était trop faible. La seule chose qu'elle réussit, avec de grands efforts, a articuler faiblement fut :

"Tue-là."

Et la, l'expression de colère qu'elle aperçut sur le visage de son camarade qu'elle avait si souvent vu hilare, insouciant, rieur, lui glaça le sang. Le Bunshichi qu'elle avait en face d'elle n'était plus Bunshichi le clown, mais Bunshichi le guerrier, celui qui avait massacré Shin quelques années auparavant, ne lui laissant aucune chance de victoire. Et elle en fut terrorisée.

Pcell avait guetté l'arrivée du nouveau venu à travers la fumée, utilisant ses détecteurs et sa vision cybernétique, observant sa manière de se mouvoir. Elle ne le connaissait pas, mais devinait qu'il s'agissait probablement d'un adversaire bien plus dangereux qu'Emi Isuzu, sans pour autant être un véritable problème pour elle. Sans la moindre émotion sur le visage ou dans le regard, elle le fixa pendant qu'il l'insultait et la menaçait, puis pendant qu'il s'agenouillait près de son amie qui était toujours dans un sale état, à même le sol. Cette situation avait l'air de le faire bouillonner de rage, et il semblait sûr de sa force, ce qui risquait de lui porter préjudice. Enfin, Pcell imaginait que c'était un habitué des combats, et qu'il devait avoir une raison pour ne pas la craindre malgré les dégâts qu'elle avait occasionné à leur salle de réunion.

Elle pointa doucement son canon vers lui, prêt à le dégommer lui aussi si nécessaire, s'il se montrait un peu trop menaçant. Il n'était pas particulièrement menaçant, les bras musculeux, un look et une apparence de loubard comme Pcell en avait rencontré plein dans son ancienne vie d'humaine ordinaire. Pourquoi était-il donc si sûr de lui? Cela cachait quelque chose, et elle ne voulait prendre aucun risque inutile en lui laissant une liberté de mouvement dont elle se serait bien passé. A présent, il lui faisait face, ne faisant aucun effort pour calmer sa colère, la jaugeant du regard avec une lueur de défi, brûlant d'envie d'en découdre et de venger son amie. Pcell n'avait que faire de ce genre de querelles, qui n'étaient à ses yeux que perte de temps.

"Si elle m'avait livré Gurdo comme je le lui avait gentiment demandé, elle ne serait pas dans cet état, ni elle, ni votre salle de réunion, si importante à vos yeux. C'est sa faute si elle est comme cela maintenant, misérable, étendue sur le sol. Je n'ai jamais la moindre pitié pour mes adversaires, j'espère que tu en as eu la preuve en assistant à ce sinistre spectacle. Ainsi, je me dois de te mettre en garde : peu importe qui tu es, le respect qui t'est témoigné dans cet institut, je te réduirai en charpie, tu n'as pas la moindre chance de me vaincre. Mais puisque tu as l'air si sûr de toi, si en colère, je pense qu'il n'est même pas la peine d'essayer de te faire comprendre quoi que ce soit, et encore moins de négocier pour des informations sur le dénommé Gurdo. Dans ce cas, je vais procéder à ton élimination."

Et elle tira, à nouveau, une rafale rapide de plusieurs coups puissants, environ une dizaine, comme elle l'avait fait précédemment, faisant à nouveau trembler l'école, aggravant l'état des murs de béton et réduisant en miette ce qui restait des meubles explosés préalablement. C'était d'une facilité dérisoire d'exploser ces malheureux Exécuteurs.

Bunshichi n'était certes pas aussi rapide et agile que ne l'était Isuzu, mais il était beaucoup, beaucoup plus résistant qu'elle. Et surtout, beaucoup plus fort physiquement que la plupart (voire tous) des étudiants de l'institut. En voyant que son adversaire le tenait dans son viseur, il n'hésita pas. Il entendit très distinctement le "clic" qui signifiait que la Silicate avait commencé à tirer, mais il était avait déjà lancé l'une de ses techniques dévastatrices, fort heureusement. Il frappa dans le vide avec ses deux poings, usant d'un maximum de force, sentant l'air vibrer autour de lui ; il venait créer des mouvements d'air surpuissants, sur le chemin desquels il valait mieux ne pas se trouver...les obus que lui envoyaient Pcell en eurent la preuve : ils explosèrent trous prématurément, rencontrant le vent artificiel créé par la force de Bunshichi. Mais celui-ci n'était pas du genre à se contenter de si peu ; il ne se défendait jamais aussi bien que lorsqu'il passait à l'attaque, et il était temps de lancer sa première offensive.

Profitant des quelques secondes de répit qu'il avait, il courut à travers la fumée et bondit dans les airs, soulevant son immense corps colossal, avant d'atterrir puissamment au sol et de frapper celui-ci à l'aide de ses deux poings. Un cratère se forma instantanément au sol, sous ses pieds, et s'élargit jusqu'à son adversaire, provoquant de nouveaux mouvements d'air d'une puissance dévastatrice, dans lesquels la Silicate se retrouva prisonnière un moment, avant d'être propulsée violemment contre l'un des murs les plus proches. La force de Bunshichi dépassait l'entendement humain, et certainement aussi celui de cette créature malfaisante.

Tous les élèves de l'école lui enviaient cette puissance, dont personne, pas même lui, ne connaissait réellement l'origine. C'était un simple voyou, qui, à force de se battre n'importe comment, avait fini par augmenter sa puissance physique à un point jamais atteint auparavant par des combattants de son rang. Il ne provenait pas d'une famille de combattants, n'avait fait ses classes dans aucune école spéciale avant Djoto, et ne possédait pas le moindre pouvoir spécial, en dehors de cette force surhumaine. Ses professeurs lui avaient souvent fait part de leur incompréhension par rapport à ses talents, et lorsqu'il avait littéralement défoncé Shin Natsume, quelques années plus tôt, le mythe fut achevé de naître. Double Impact Tawara était devenu une véritable légende au sein de l'école, respectée de tous et toutes, même si la plupart du temps il faisait l'idiot et refusait de se battre.

Mais aujourd'hui, on l'avait provoqué, et poussé à bout. Il allait continuer de se battre jusqu'à venir à bout du monstre qui se relevait déjà de ses précédents coups. La bataille n'était pas encore terminée.

Pour la première fois depuis très longtemps, les capacités d'analyse normalement sans limite ni failles de Pcell furent soudain dépassées par la force physique de son adversaire. Elle n'avait jamais rencontré une telle puissance, et même Ivy, qu'elle avait changé en force de la nature, n'arrivait pas à la cheville du combattant qu'elle avait en face d'elle. Grâce à cette démonstration de ses talents, la Silicate venait de comprendre que les Exécuteurs étaient peut-être réellement des guerriers d'élite et qu'elle allait devoir revoir son jugement si elle ne voulait pas en subir de terribles conséquences, qu'elle regretterai amèrement si ce combat devait mal tourner. Son cerveau modifié artificiellement lui indiqua que finalement, avoir commencé à directement défier l'autorité en place n'avait peut-être pas été la meilleure idée de la "jeune femme", mais surtout qu'il était trop tard pour faire marche arrière, et que maintenant que la machine était en route, elle allait devoir aller jusqu'au bout.

Une exécutrice était déjà à terre, trop faible pour se battre, et elle n'avait qu'un adversaire en face d'elle. Même si celui-ci était extrêmement fort, la situation était loin d'être aussi critique qu'il n'y paraissait ; grâce à son côté artificiel, Pcell gardait toute maîtrise de son corps et de son esprit, ne cédant à aucune panique superflue et continuant d'évaluer correctement le danger qu'elle risquait en affrontant une telle brute.

Apparemment, les canons qui tiraient à tort et à travers, ce n'était pas assez subtil pour venir à bout de cette espèce de titan, et elle devrait donc rapidement trouver un autre moyen. Et justement, des moyens d'en finir, elle en avait toute une panoplie, tous plus meurtriers les uns que les autres, destinés à écourter les combats mal partis tels que celui-ci. Avec un faux sourire en l'air, ayant complètement oublié jusqu'à la signification réelle du verbe "sourire", Pcell activa l'une de ses multiples armes ; son bras changea d'apparence, se liquéfiant puis se durcissant sous un nouvel aspect, celui d'un très longue et fine épée, de plusieurs mètres de long, forgée en une sorte de métal noir semblable à son armure. L'un des sabres les plus tranchants que l'on pouvait trouver sur cette planète, faîte à partir d'un savant mélange de différents alliages, certains étant pour le moins méconnu des plus cultivés des spécialistes. Une véritable arme de guerre, dans les mains d'une tueuse psychopathe, c'était une formule explosive, forcément gagnante.

Sans ajouter le moindre mot, estimant que tout avait été dit, la terrible Silicate plongea son regard mort dans les yeux de braise de son adversaire, qui n'avait pas bronché quand il avait vu l'épée apparaître à la place du bras cybernétique qui s'y trouvait avant. Il avait du courage, et de la force. Mais qu'avait-il d'autre? Car cela ne lui suffirait pas pour s'en sortir vivant du terrible combat qui se profilait à l'horizon, Pcell s'étant mise en mode meurtrière, sans pitié, impitoyable et sanguinaire. Et elle aimait ça.

Elle enclencha sa vitesse hallucinante, voulant surprendre le fier guerrier qui la toisait sans baisser les yeux, le visage détendu et sûr de lui, afin de lui montrer le fossé qui les séparait en réalité. Son bras tranchant était déjà brandit, prêt à frapper, prêt à abattre définitivement son adversaire, pas pour le mettre hors de combat, pour qu'il ne se relève plus jamais. Les erreurs coûtent cher quand on se frotte à des Silicate, mais peu de gens de cet Institut semblait être au courant de cette donnée indéniable. Difficiles à capter du point de vue d'un humain, les mouvements de Pcell, rapides et agiles malgré son épaisse armure noire étaient calculés pour atteindre leur but et surtout ôter la vie. Son épée fendit l'air, en direction du visage jusque là tranquille de l'Exécuteur.

Isuzu avait suivi la scène avec effarement, les yeux écarquillés, stupéfaite par la puissance hallucinante de Bunshichi, qu'elle savait pourtant extrêmement élevée, mais restait incroyable. Il avait littéralement cloué Pcell au mur l'espace d'un instant, la prenant au dépourvu malgré tous ses capteurs et/ou autres détecteurs de son invention, qui étaient sensés tout analyser dans les moindres détails. C'était un prodige ! Mais la Silicate n'était pas non plus en manque de surprises épicées, et elle le leur prouva en changeant l'un de ses bras en sorte d'épée ultra acérée, et surtout, de taille gigantesque, véritablement hallucinante ! Bunshichi ne broncha pourtant pas, laissant son adversaire foncer vers lui, hostile et agressive. Qu'est-ce que cet imbécile pouvait bien avoir en tête pour laisser la cyborg foncer vers lui sans réagir ?

Isuzu, elle, ne resterait pas là sans bouger !

"Bunshichi, attention !"

Et, oubliant l'espace d'un instant qu'elle n'avait plus de force, elle se leva à moitié, usant du maximum de sa rapidité, et sortant une flopée de couteaux de son corps, les propulsant à une vitesse hallucinante vers leur adversaire cybernétique, qui ne s'y attendait pas. Une dizaine de ces couteaux atteignirent leur cible, attirant l'attention de Pcell et l'empêchant d'attaquer Bunshichi.

Satisfaite d'elle, l'Exécutrice adressa un sourire à Bunshichi avant de s'écrouler, évanouie, ayant utiliser ses dernières forces restantes.

Tout allait très vite, trop vite, à tel point que Bunshichi avait à peine le temps de voir les choses venir. Il avait observé sans sourciller la métamorphose de Pcell, qui avait enfin sorti ses vraies armes, transformant l'un de ses bras en épée démesurément longue et tranchante. Ils s'étaient toisé tous les deux, l'Exécuteur voulant bien montrer à l'espèce de monstre qui lui faisait face qu'il ne baisserait ni le regard ni les bras, et qu'il allait lui donner plus de fil à retordre que n'importe quel autre adversaire qu'elle avait déjà rencontré dans sa piètre existence. Celle-ci devait bien sûr l'avoir compris d'elle-même, mais cela ne l'avait pas empêcher de bondir à toute vitesse vers Bunshichi pour tenter de lui mettre un coup dont il n'aurait peut-être pas su se relever, toujours avec cette fameuse arme nouvellement déployée, d'un genre que le garçon n'avait encore jamais vu avant.

C'est alors qu'Isuzu, qui avait pourtant semblé hors de combat jusque là, avait décidé d'intervenir pour empêcher que la Silicate n'atteigne son ami, dégainant ses fameux couteaux et les envoyant sur l'odieuse combattante afin de la déstabiliser. Et cela avait plutôt marché, car même si la force qu'elle avait su déployée était loin d'être assez grande pour percer l'épaisse carapace de la cyborg, elle avait réussi à détourner son attention pourtant quasiment sans faille, et à diminuer par conséquent l'efficacité de son attaque, ce dont Bunshichi allait bien entendu profiter sans tarder, usant de tous les jokers disponibles pour tirer son épingle du jeu. Et celui-ci en était un de fort belle taille, qu'il appréciait beaucoup, d'autant plus que désormais la pauvre Emi s'était évanouie, à bout de forces : elle avait utilisé ses dernières ressources pour venir à la rescousse de son ami, et cela ne faisait qu'accroître la colère de celui-ci.

Profitant du fait que l'attention de Pcell n'était plus totalement braquée sur lui, Bunshichi fonça vers elle, pas aussi rapide mais avec la violence d'un char d'assaut, et lui colla un coup de poing en pleine figure dont elle se rappellerai forcément pendant de très longues années, tant il avait placé de hargne et de fureur dedans. Le corps artificiel et métallique de la Silicate fut décollé du sol et à nouveau projeté contre le mur, la vitesse augmenté par la puissance du coup de l'exécuteur, qui n'y allait pas de main morte. Dans chaque coup de poing, il mettrait toute sa force, toute sa rage, donnant à ses bras la puissance sans limite du tonnerre. Même une créature comme celle qui lui faisait face ne pouvait rien contre une telle furie, et elle aurait beau se relever pour déployer de nouvelles armes, tant que Bunshichi aurait ses deux poings et sa combativité, elle ne pourrait rien contre lui. C'était sûr et certain, pas de doute possible sur cette certitude, il avait vu beaucoup d'autres adversaires défiler devant lui et ça c'était toujours passé de la sorte, même avec les plus tenaces d'entre eux.

Il ne perdrait pas ce combat.

Encore une fois, les plans de Pcell furent irrémédiablement contrecarrés par les manigances de ses adversaires. L'intervention in extremis d'Isuzu n'y était pas étrangère, et la Silicate s'en voulait de s'être braquée uniquement sur le colosse, en oubliant la jeune fille. Ses détecteurs avaient à peine eus le temps de réagir qu'elle avait déjà lancé ses couteaux, inutiles contre la cyborg, mais qui avaient tout de même retenus son attention assez longtemps pour qu'elle ne puisse pas donner son coup qui aurait pu être presque meurtrier. Ce combat s'étirait en longueur, mais tant qu'ils ne la mettraient pas hors de combat, ils seraient en danger de mort, car elle ne faisait assurément pas dans la dentelle.

Elle se releva, tandis que Bunshichi restait toujours debout, immobile, ne daignait pas foncer vers elle pour tenter une attaque en premier. Il devait avoir compris qu'il était moins rapide qu'elle et qu'il risquait un retour de flammes autrement plus dangereux que ce qu'il avait subis jusqu'à présent durant ce combat. Mais il faudrait bien qu'il s'y risque, s'il voulait vraiment venir à bout d'elle, car elle ne comptait pas abandonner. Souriant à nouveau de ce faux sourire, une pâle imitation d'émotion humaine, elle dévoila deux comportements de son ventre qui s'ouvrir en crissant, avant d'envoyer une demi douzaine de petites capsules rondes un peu autour d'elles. Capsules chères à Gurdo, qui laissèrent s'échapper un lourd rideau d'une épaisse fumée noire qui s'éparpilla partout dans la pièce, aveuglant bientôt les combattants. Sauf qu'évidemment, Pcell était dotée d'une vision bionique qui lui permettait de voir à travers cette purée de pois. L'issue du combat était en train de changer, comme elle s'y attendait, cela avait juste pris plus de temps que prévu, voilà tout.

Une fois que la fumée emplit totalement la pièce, Pcell se mit en mouvement, se déplacement silencieusement, à vitesse modérant, zigzagant vers son adversaire totalement aveuglé, qui ne pouvait se référer qu'à son ouïe et son odorat, qui ne lui seraient malheureusement d'aucune utilité contre la Silicate, qui ne laissait s'échapper aucun bruit ni odeur. La chasseresse parfaite s'attaquait à sa proie sans défense, pour un coup mortel. Elle le voyait, hésitant, donnant des coups de poing dans le vide, tentant de dissiper la fumée mais celle-ci était trop épaisse pour disparaître aussi facilement. Il n'avait pas l'air intimidé, mais n'était plus aussi sûr de lui que quelques minutes auparavant. Gurdo ne leur avait-il pas joué ce tour ? Etait-il inédit ? Peu importait, Pcell voulait juste mettre son adversaire au tapis, et cela n'allait plus tarder outre-mesure.

Son épée fendit enfin l'air, et trancha une très large entaille dans le torse de l'Exécuteur, qui hurla de douleur. La blessure était profonde, mais Pcell commençait juste à s'amusant. Profitant encore un peu de la couverture que lui offrait la fumée, elle traversa la cuisse droite de Bunshichi avec son arme tranchante, en tentant de reproduire un rire humain, mais sans réel succès. Son adversaire ne cria plus mais par réflexe, lui colla un nouveau coup de poing en plein visage, réussisant à la toucher à cause de sa proximité. A nouveau, la Silicate fut envoyée au sol mais cette fois-ci, elle souriait. Elle avait gravement blessé son opposant, dont le sang coulait à présent abondemment...

A peine Mitsuomi était-il revenu à Djoto, la tête encore pleine des soucis qui l'avaient poussé à s'éloigner de son école à la base, que de nouveaux problèmes lui étaient projetés en pleine figure. Il venait de garer sa moto et de ranger ses clés dans sa poche, que lui faisaient face Colossus, Remo & Yugo. Rien de moins que la moitié des Exécuteurs, devant lui, l'air sombre et anxieux.

"Et bien, fit Mitsuomi en fronçant les sourcils, sentant venir la mauvaise nouvelle, je peux savoir ce que vous foutez tous ici ? Vous n'avez rien de mieux à faire que d'attendre mon retour les bras croisés ?"

Alors, ils lui expliquèrent le plus rapidement possible ce qui se passait ; Pcell Silicate avait pris d'assaut la salle de réunion du club, agressant la pauvre Isuzu, qui, prise par surprise, avait sans doute été rapidement mise hors de combat...voire pire. Bunshichi avait été le premier prévenu et avait volé à la rescousse de la vice-présidente. Cela rassura quelque peu Mitsuomi : Tawara était certes un peu flemmard sur les bords, il était un homme de confiance quand il s'agissait de se battre et de venir en aide aux siens. Mais d'après les dires des autres Exécuteurs, leur salle de réunion avait été entièrement dévastée, et le combat faisait toujours rage. Le président éclata alors, furieux :

"Et vous, bande d'abrutis, vous restez là à m'attendre, sans rien faire ?! Si cette Pcell est aussi puissante que cela, il fallait venir en aide à Bunshichi !! J'y vais, vous, remplissez votre rôle, pour une fois, tentez de rassurer les autres élèves, et protégez les ! Gardez votre bipper près de vous, si j'en ai besoin, je vous bipperai !"

Puis, tout en pressant le pas, il rentra dans l'école, traversant le Hall puis s'engouffrant dans les couloirs, qu'il connaissait enfin presque par coeur. Les élèves apeurés s'écartaient sur son passage, tandis que de violents bruits d'explosion retentissaient quelque part dans l'institut. Mitsuomi serra les poings. Quel genre de terrible adversaire Bunshichi était-il en train d'affronter tout seul ? Logiquement, il était capable de battre n'importe quel élève de cette école, mais Pcell leur était finalement inconnue. Serait-elle capable de battre deux Exécuteurs, en l'occurence Bunshichi et Isuzu, deux des plus forts ?

Rapidement, il arriva à l'étage de la salle de réunion, et vit à quel point la situation était grave. Le couloir était totalement dévasté, et le mur de leur QG était littéralement en miettes. Des dizaines d'élèves stupéfaits s'étaient attroupés et assistaient à la scène, incrédules. Sans leur prêter attention, Mitsuomi entra dans la pièce, traversant les épais volutes de fumée qui la remplissaient.

Il se retrouva très vite nez à nez avec la dite Pcell. Une "fille" monstrueuse, mélange de métal et d'humaine, transformée en véritable arme. Il sentit également plus qu'il ne vit son ami Bunshichi, non loin derrière lui, et se sentit quelque peu rassuré par sa présence. Ils allaient massacrer cette intruse et lui faire payer tous ses actes.

"Alors, la chose, comme ça tu te crois de taille à lutter contre les Exécuteurs ? Je ne sais pas ce que tu cherches, mais tu vas le regretter amèrement."

Alors que le combat venait de prendre une tournure des plus intéressantes pour Pcell, un nouveau protagoniste venait de faire son apparition, et pas l'un des moindres : Mitsuomi Takayanagi, le chef du club des Exécuteurs, le maître de Djoto, actuellement. Les rumeurs disaient avec insistance qu'il était le combattant le plus fort de toute l'école, et Pcell n'en doutait pas. Justement, l'affronter lui en même temps que Bunshichi risquait d'être un petit peu trop délicat pour la Silicate seule. La situation se fragilisait, et elle tenta de faire une analyse rapide de la situation : Bunshichi était blessé, mais encore en état de combattre, tandis que Mitsuomi était tout frais, capable de se mêler immédiatement à la baston. Pcell, quant à elle, était également un petit peu endommagée suite à son combat contre le double impact. Pour finir, la jeune Isuzu était pour le moment hors d'état de nuire mais pouvait reprendre conscience à tout moment pour à nouveau intervenir, comme elle l'avait déjà fait quelques minutes auparavant.

Tout en se relevant lentement, les yeux fixés sur ceux du chef des Exécuteurs qui lui faisait face, le surplombant de toute sa hauteur, le regard dur et colérique, elle se mit à sourire légèrement. A toute vitesse, elle réflechissait à l'issue qui l'arrangerait le plus, et qui éviterait de mettre sa vie en danger, bien évidemment. Elle allait tenter de perturber psychologiquement ses deux adversaires, tout en cherchant un moyen de s'en sortir sans trop de dégâts, même si pour cela elle devait abandonner le combat en cours, qui, de toute façon, ne lui donnerait plus ce qu'elle était venue chercher : des informations sur Gurdo. Celui-ci devait à présent être au courant de sa présence à Djoto, et se tiendrait probablement sur ses gardes à l'avenir. Pcell dut s'avouer qu'elle avait échoué.

Tout en continuant de sourire aux Exécuteurs, elle se décida enfin à agir ; mentalement, elle envoya un message à Maeve, Blon et Ivy, ses fidèles acolytes qui se trouvaient tous à des endroits différents de l'école. Elle était la seule à être dotée de cette capacité ; elle pouvait envoyer des messages à des esprits artificiels si elle était connectée avec eux, ce qui était le cas avec son équipe de Silicates.

"J'ai besoin d'aide. Ivy, Maeve, Blon, rejoignez-moi dès que vous le pouvez dans la salle de réunion des Exécuteurs. Si vous ne venez pas à temps, je serai contrainte d'abandonner le combat que j'ai commencé, ou malheureusement, peut-être de le perdre. Dépêchez-vous, je vais tenter de tenir seule en vous attendant. C'est un ordre."

Ses compagnons n'étaient pas capables de lui répondre, seulement de recevoir les informations qu'elle leur envoyait. Ainsi, elle leur indiqua avec précision sa position dans l'école afin qu'ils la retrouvent le plus vite possible. En toute logique, ils abandonneraient toutes les activités qu'ils étaient occupés à entreprendre pour venir lui prêter main-forte : ils avaient été endoctrinés pour cela depuis plusieurs années. Puis, elle décida de rebraquer son attention sur la situation problématique en cours : le combat contre le club des Exécuteurs. Elle décida de prendre la parole, s'adressant au nouveau venu, qui la toisait toujours, sans avoir ouvert la bouche.

"Bonjour, vénérable chef des Exécuteurs. Vous êtes venus prêter main-forte à vos compagnons, quelle noble attention. Je dois par contre vous avertir qu'à partir de maintenant, une guerre ouverte est déclarée entre vous et les Silicate, et nous sommes très certainement les plus terribles adversaires que vous ayez eu l'occasion de rencontrer dans votre misérable vie. Vous n'avez pas voulu nous aider dans notre mission, et, par conséquent, nous allons devoir vous éliminer et prendre le contrôle de votre pitoyable école. Enfin, soit, je vais vous donner encore un moyen de vous en sortir sans casse : si vous voulez que je vous laisse tranquille, et que nous nous séparions bons amis, donnez-moi le dossier de l'étudiant Gurdo, ainsi que toutes les informations que vous avez sur lui. Si vous faîtes ainsi, je fermerai les yeux sur votre comportement."

Et elle élargit encore un peu son sourire, consciente du culot et de l'effronterie dont elle faisait preuve. On verra comment ces messieurs les Exécuteurs allaient réagir.

Bunshichi avait accueilli l'arrivée de Mitsuomi avec un sourire de soulagement, bien content que son ami et supérieur hiérarchique soit revenu à temps. Non pas que Pcell lui faisait peur, il était sûr de pouvoir la battre tout seul, mais parce qu'il ne voulait pas être tenu pour responsable de la destruction de leur local, lui à qui on fait presque toujours porter le chapeau pour tout et n'importe quoi. Dans tous les cas, maintenant que le chef des Exécuteurs était de retour, la victoire ne faisait plus aucun doute. Pcell avait beau être plus forte qu'il l'avait prévu initialement, elle ne faisait pas le poids contre eux deux ensemble, c'était indubitable.

Mitsuomi et Pcell jouait à un drôle de jeu, peu être une forme de combat psychologique, ce que Tawara trouvait particulièrement inutile, vu que rien ne se jouerait là dessus. Et puis, comment gagner un duel psychique avec une espèce de cyborg mal lèché comme ces infâmes Silicates ? C'était ridicule.

La fumée s'était enfin complètement dissipée, et Bunshichi put arrêter de se couvrir le visage pour respirer correctement à nouveau. Ces artifices diaboliques que les Silicates avaient pris l'habitude d'utiliser durant leurs combats devraient être interdits à Djoto, mais certains combattants hauts placés tels que Mitsuomi ou le directeur lui-même pensaient que l'utilisation de ce genre d'armes était une forme de combat comme les autres. C'est un point de vue, mais Tawara ne le partageait pas. Mais bon, au moins, la purée de poids s'était en fin évaporée, et il se sentit totalement libre de ses mouvements, ce qui faisait tout de même un peu plaisir. Il saignait ici et là, mais il avait connu tellement pire par le passé qu'il n'y faisait même pas attention. Des petits picotements désagréables, voilà ce que c'était, rien de grave en somme.

"Je suis assez content de te voir, Mitsuomi. Tu arrives pile à temps pour t'amuser un peu, quelques minutes plus tard, et j'écrasais cette espèce de robot à la noix. Je n'ai pas vraiment apprécié la manière odieuse avec laquelle elle a traité Isuzu, et je suis entré en action. Et je te jure que ce n'est pas ma faute si le local est détruit, c'est elle la responsable ! Promis juré !"

Il avait dit tout cela sur le ton de l'humour, afin de détendre quelque peu l'atmosphère tendue qui règnait dans la salle en ruines, mais cela ne semblait pas avoir le moindre effet sur Mitsuomi, qui continuait de fixer en silence leur adversaire, l'air le plus sérieux du monde. La Silicate, elle, avait une espèce de sourire tordu affiché sur son visage de métal, et semblait sûre d'elle. Cela dit, comment lire des expressions humaines sur un truc qui n'avait presque aucun point commun avec de vrais humains ??

Effectivement, Mitsuomi n'avait pas la moindre envie de rire, et ce malgré les efforts pitoyables de Bunshichi pour détendre l'atmosphère. Leur QG avait été dévasté par une espèce de monstrueuse fille prétentieuse, qui se croyait de taille à affronter les Exécuteurs, et qui allait bientôt payer cette erreur de son sang, et peut-être même de sa vie, si le chef du club s'énervait un peu plus que de coutume. Pour l'heure, il niait totalement les paroles de Tawara, bien qu'il était conscient que pour une fois, ce n'était pas sa faute si tout avait été dévasté, cela méritait qu'on le souligne, tant c'était rare.

Ignorant donc son ami, Mitsuomi fit un pas vers la chose immonde qui lui faisait face, toujours souriante, ce qui l'agaçait encore plus. Un seul pas, et déjà la tension présente dans la pièce sembla redoublée d'intensité, alors qu'elle était déjà très haute et opressante. L'expression ; l'atmosphère était électrique, correspondait parfaitement à cette drôle de situation.

Pendant tout ce temps, le guerrier analysait chaque composante de la dite situation ; une adversaire puissante dont il ne connaissait finalement pas grand chose, ne s'étant jamais interessé à Gurdo Silicate ou à ceux qui lui ressemblaient, Isuzu au sol, inanimée, et Bunshichi présent pour lui porter main forte au cas où. A deux contre un, il n'y avait pas un seul adversaire à la hauteur dans tout Djoto, pas même les plus forts des étudiants. Et rares étaient les duos qui pouvaient rivaliser avec le leur. Résultat de l'analyse de Mitsuomi : le combat était joué d'avance, plus que facile, même. Mais il restait méfiant, la Silicate avait l'air d'être du genre perfide, et il n'aimait pas ça.

"J'avoue ne pas comprendre quel est le piège, mais, de toute évidence, tu ne comptes pas abandonner le combat. C'est dommage pour toi, on ne pourra en tout cas pas prétendre que je ne t'ai pas laissé une chance de t'en sortir, malgré tout ce que tu as déja commis. Fais tes prières, immonde chose, car c'est la fin pour toi."

Et, sans crier gare, Mitsuomi déploya enfin son énergie, qu'il contenait normalement le reste du temps. En une fois, une sorte de tempête de puissance commença à se déchaîner dans la pièce en ruines, soulevant toutes les personnes présentes du sol et les faisant tournoyer dans les airs. Bunshichi, Pcell et même Isuzu se mirent à tourner au centre de la pièce, pris dans une tornade contrôla par le chef des Exécuteurs, bientôt rejoints par les meubles qui restaient, rarement intacts. Malgré son énervement, le combattant ne voulait pas blesser ses amis, et envoya donc valser la Silicate seule contre un mur, sans ménagement, laissant retomber doucement les deux autres Exécuteurs.

Une telle attaque, sans bouger, montrer clairement les intentions de Mitsuomi, et sa force. Cela ne faisait que commencer.