Pourquoi ? Telle était la question qui préoccupait le major Motoko Kusanagi à cette heure-ci.. Pourquoi était-elle conduite ici, sans réelle informations ? Le plus étrange dans l'histoire était que le dit Colossus (Nom bien étrange, d'ailleurs) ne semblait pas savoir lui-même quel était le but de cette dite réunion.
Cela dit, la raison de cette escorte pour le moins inattendue n'était pas le seul point obscur de tout cela. Le "club des exécuteurs" ..? Qu'est-ce que c'est que cela encore... Est-ce un nouveau genre de personnel éducatif ? Le nom semble particulièrement agressif..

De plus le fait que l'agent infiltrée soit emmenée ici au lieu d'une autre salle parce que cette dernière est en reconstruction... Un rénovation n'aurait pas intrigué Motoko, mais devoir reconstruire un édifice implique qu'il ait été détruit. Qu'est ce que c'est que cette école de tarés ..?
Motoko nota également que son guide était calme, lent et particulièrement musclé. Un véritable videur d'apparence. Rien à voir avec les étudiants auxquels la jeune femme aura déjà été confrontée par le passé.

Elle continua d'observer le palais en ruine qu'était l'institut, essayant de deviner la cause d'une telle dégradation. Cela ne semblait pas être choquant, et paraitrait peut-être même normal pour monsieur Androo, qui n'avait pas jugé important d'expliquer que tout le site nécessitait reconstruction...

Elle l'eut donc suivi jusqu'à ce qu'il lui ouvre une porte et qu'elle pénétra dans une pièce répondant fort heureusement à la description de bureau. Celui-ci ne ressemblait donc pas à un champ de bataille et n'était pas habité par des exécuteurs dont l'objectif serait de la passer à tabac. Le mobilier paraissait commun, de même pour la décoration. Un ventilateur grinçait au plafond pendant que l'homme qui avait amené la demoiselle prononça quelques mots à celui qui semblait être son supérieur ; confortablement installé derrière son bureau.

Le major Motoko Kusanagi questionna mentalement son tachikoma pour savoir s'il les avait bien suivis, ce a quoi celui-ci répondit machinalement qu'il était à seulement quelques mètres derrière, prêt à enfoncer la porte au moindre soucis, car il voyait tout au travers des murs grâce à son protocole de nanovision.

Notre héroïne, désormais suffisamment sure d'elle, n'attendait plus qu'à comprendre le but de sa venue dans cette pièce.

Colossus entra dans le bureau du pion, suivi de près par une inconnue, qui devait être la nouvelle élève en question, Motoko Kusanagi. Mitsuomi était tranquillement installé dans le bureau, assis sur une vulgaire chaise en bois, celle sur laquelle le chef des pions s'asseyait en général en temps normal. Pour l'heure, le chef des Exécuteurs avait réquisitionné cette salle, vu que la leur était...en dérangement depuis l'attaque surprise de Pcell. La jeune fille correspondait exactement à la description de la nouvelle élève qu'il attendant, donc il en conclut très logiquement que c'était bien elle.

"Merci beaucoup Colossus, je pense effectivement que c'est elle. Tu peux disposer, je m'occuperai du reste tout seul. Encore merci, beau travail."

L'Exécuteur lui fit un signe de tête entendu, avant de sortir de la pièce en silence, refermant la porte derrière lui. Quelques secondes de silence suivirent, pendant lesquelles Mitsuomi toisa quelque peu le visage de la nouvelle élève, plongé dans une intense réflexion. Puis, lorsqu'il fut arrivé à la conclusion qu'il attendait, il se redressa sur son siège et prit enfin la parole, s'adressant à la jeune inconnue.

"Mademoiselle Kusanagi, je me présente : je suis Mitsuomi Takayanagi, le président du club des Exécuteurs. J'aimerai commencer par te poser une question, très simple : qui s'est chargé de ton inscription dans cette école ? Etrangement, le jour de ton arrivée est effectivement notée dans mon registre, mais aucun exécuteur, ni l'équipe administrative, ni même le directeur, ne s'est occupé de t'inscrire. Auprès de qui as-tu rempli tous les formulaires nécessaires, et qui les a validés ? Vois-tu, si je te pose cette question, c'est que nous, le personnel de cette école, sommes au courant de qui tu es, et nous n'aimons pas trop ça. Il faut que nous clarifions certaines choses pour garantir ta sécurité et notre indépendance en tant qu'école unique et un petit peu...spéciale. Nous n'avons pas confiance en ce gouvernement qui semble t'envoyer."

Motoko n'était plus du tout à l'aise. Des exécuteurs qui parviennent a découvrir son identité pourtant supposée parfaitement confidentielle. Le gouvernement ne savait-il donc pas voiler ses informations aux yeux de simples gars musclés "bossant" dans une "école" ..? C'était du grand n'importe quoi. Le cerveau de l'agent infiltré usait de réflexions hâtives et multiples, évaluant ; par exemple, un complot visant a faire tomber la neuvième section d'intervention japonaise ? Après tout, c'était déjà arrivé une fois. Elle se retenait néanmoins de faire paraitre son étonnement, avant d'ouvrir doucement la bouche pour faire apparaître une réponse.

"Ecoutez-moi bien, Monsieur Takayanagi. Ma mission est claire et clairement confidentielle, et je n'ai jusqu'ici par reçu l'autorisation de vous la dévoiler. De ce fait, je ne ferai que vous dire ceci : Ce gouvernement dont vous parlez est le vôtre et m'envoie ici pour résoudre une question d'ordre national, voir internationale."

Elle était restée droite comme un piquet, la tête haute et s'était exprimée sans élever la voix une seule fois. Son ton monotone, selon la théorie devait servir de bonne façon lors de négociations tendues ou non, pour indiquer a l'interlocuteur que rien dans l'affaire n'est subjectif. Ce qui était forcément le cas. Néanmoins, dans la tête de l'agent, milles et unes possibilités se disputaient, et Kusanagi avait du mal à deviner laquelle allait se vérifier à l'instant.

Elle avait deviner l'agressivité fort probable des membres de l'école en observant le décor, et devinait que ce n'était pas des petits voyous a la sauvette en voyant l'assurance et l'autorité de ce gros tas de muscles. Cependant, elle gardait confiance en ses capacités pour gérer la situation dangereuse dans laquelle elle entrait doucement, raison pour laquelle elle se refusait à se retourner pour courir comme le lui proposait son tashikoma, qui l'aurait bien évidemment couverte avec efficacité.

Tout allait de travers, tout dérapait. Dès que cette discussion serait close, il faudrait que Motoko passe un appel à Aramaki, son patron, pour clarifier la situation, et lui botter verbalement les fesses au sujet de la capacités qu'à le gouvernement pour cacher les informations au public.

Mitsuomi eut une grimace de mécontentement en entendant la fille lui manquer ainsi de respect. Elle ne savait décidément pas à qui elle avait affaire, mais il allait lui remettre les idées bien en place, comme il savait si bien le faire. Tout en conservant son calme, il reprit la parole, d'une voix modérée, qui se voulait presque apaisante.

"Ecoutez-moi bien. Le gouvernement dont vous parlez n'a aucun pouvoir ici, ni ses ministres, ni ses agents de police. Les vraies personnes qui contrôlent le Japon sont au courant, et vos supérieurs n'ont certainement reçu aucune autorisation pour vous débarquer ici. J'ai la gentillesse de vous recevoir dans ce bureau alors que j'aurai pu vous décapiter que jamais je n'aurai eu le moindre ennui avec la justice, qui que vous soyez, et ça je peux vous l'assurer. Je tiens simplement à savoir ce que viennent foutre des foutus flics dans mon école, et voir si je vous donne mon autorisation à exercer votre fonction en ces murs ou non. Car dîtes-vous bien, mademoiselle, qu'ici, vous ne représentez pas la loi. C'est mon rôle ça. Je vous conseille de coopérer avec moi, mes supérieurs sont certainement ceux des vôtres, si vous me suivez."

Il la regarda en haussant les sourcils, parfaitement détendu, ayant pleinement conscience qu'il lui suffisait de lever les bras pour éliminer cette fille, ce qu'il n'avait pourtant pas envie de faire. Si des criminels s'étaient introduits dans Djoto sans l'expliquer, ils étaient en infraction avec le règlement. Au contraire, s'ils l'avaient annoncé durant leur entretien d'inscription, ils étaient en règle, car leur école n'avait que faire des lois de l'extérieur, tant que ses élèves étaient honnêtes avec elle. La présence de la police dans un tel lieu était intolérable, et ce n'était jamais arrivé. Le directeur risquait de ne pas aimer ça...

Motoko avala sa salive bruyamment, suite au discours presque menaçant de son interlocuteur. Elle entama de se détendre malgré sa position fragile. Mitsuomi avait insinué qu'il était capable de la tuer sans la moindre difficulté. Et, étrangement, bien qu'irréaliste, ce discours semblait on ne peut plus sincère. La vérité sortait d'entre ses lèvres.
Mais si ses dires étaient fondés, si les supérieurs des supérieurs de Kusanagi étaient bien à la tête de cet institut, alors qu'est-ce qu'elle faisait là ? Une bien étrange histoire, et particulièrement désagréable à entendre pour la jeune femme qui inspirait un grand coup, réalisant qu'au final tout cela n'était peut-être qu'une arène pour des poules dont elle faisait partie, sponsorisée par le gouvernement.
Car cela était la plus probable des conclusions possibles. Être envoyée là pour faire opposition avec des instances supérieurs ? Aucune chance que telle soit sa mission. Elle n'aurait pas été envoyée surveiller les armes vivantes alors que des personnes plus qualifiées en avait certainement connaissance, et elle n'y aurait pas été envoyée sous couverture alors qu'ici régnaient soit-disant des gens haut placés.

Dans le doute, elle se mit à nouveau à parler.

"Je n'ai aucunement connaissance de ce à quoi vous faites allusion. J'ai été envoyée ici pour une mission parfaitement confidentielle m'obligeant à surveiller des "armes vivantes", ou des intelligences artificielles lourdement armées. À vrai dire, je ne suis pas sure de ce que sont ces ... choses."

Elle ouvrit son sac après l'avoir déposé sur le bureau qui la séparait de son juge et en fit sortir un dossier, qu'elle ouvrit également.

"Voici des photos des dites choses. Le gouvernement Japonais - qui m'a bien envoyée ici - semble avoir des doutes concernant leur provenance. Et si j'ai bien compris la nature de cette "école" il se pourrait, dans le meilleur des cas, que ses doutes soient justifiées et que ces choses soient ici dans le but de s'entraîner avant de causer de grands tords à notre nation. À notre empire."

Les photos étalées sur la table montraient les sillicates. Et bien qu'elle ne les ai jamais rencontrés, Motoko comprenait que ce n'était pas des inconnus lorsqu'elle perçu le regard du chef des exécuteurs.

"Je suis ici pour découvrir d'où ils viennent et pourquoi."

Enfin, elle fixa Mitsuomi droit dans les yeux.

"Et pour les arrêter s'ils conspirent contre mon pays."

Après cette phrase pleine patriotique revint malheureusement dans l'esprit de l'agent plus-si-secrète-que-ça l'image de l'arène pour les poules dont elle faisait peut-être partie. Elle espérait de tout son coeur être plus qu'un combattant envoyé pour représenter le gouvernement japonais dans des combats stupides.