La pluie s'acharne aujourd'hui, sur la bâtisse qui fait face à Motoko. L'eau ruisselle sur sa carrosserie parfaite. Ses pieds, l'un allant devant l'autre dans un rythme inspirant le calme et la sérénité, camouflent le stress qui s'empare alors de son esprit comme cela arrive au début de la mission de n'importe quel agent dans une telle situation.
Si peu d'information sur les cibles, si peu d'information sur le terrain dans lequel elle pénètre. La pluie s'abat sur sa tête, mais ses préoccupations sont d'une telle importance qu'elle oublie qu'elle est trempée, alors qu'elle pousse la porte imposante de " l'institut ".
Le problème de la pluie, c'est qu'elle permet d'apercevoir la silhouette de son garde du corps à intelligence artificielle et ce malgré son camouflage optique dernier cri. Elle ne l'endommagera certainement pas, mais se faire repérer si tôt serait réellement dommage. Elle voulait passer pour une élève normale, puisqu'elle est encore certaine d'aller dans un institut normal.
Mais alors qu'elle posa un pied à l'intérieur, une seule question lui vint à l'esprit : "Comment ce lieu pouvait-il être dit comme scolaire ?" C'était un champ de bataille. Jamais elle n'avait vu cela dans un centre d'éducation, et ce peu importe le genre d'études proposées. Les murs, le sol et parfois même le plafond, tout était dans un état plus qu'inquiétant dans le hall qui s'étendait devant elle. Elle mourrait d'envie de prendre des photos, certaine que certains des impacts qui s'affichaient là étaient proposés par ses cibles.
Son tachikoma finalement entré, elle lui ordonna intérieurement de se sécher. Celui-ci s'exécuta et démarra un processus de réchauffement qui fit s'évaporer l'eau qui le couvrait et s'écoulait de sa structure d'acier. Une fois cela fait, l'octopode grimpa au plafond, considérant qu'il y serait logiquement plus discret encore. Motoko ferma enfin la porte.
Elle fit ensuite quelques pas de plus pour s'abriter dans l'enceinte de l'école et échapper à la pluie. Observant soigneusement tout ce qui méritait attention. Elle savait d'ores et déjà ce qui figurerait dans les premières lignes de ses rapports.
Cela étant dit, elle ne savait pas du tout ce qu'elle devait faire. Elle arrivait déjà au bout du couloir et vit pleins de possibilités, aller au couloir de droite, ou celui de gauche .. Continuer tout droit et emprunter l'escalier, vers le bas ou vers le haut .. Ou même sortir pour explorer le complexe dans son entièreté.
Elle ne fit finalement rien de tout cela, et se pencha pour observer un impact balistique plutôt large au mur de gauche, seulement dix centimètres au dessus du sol, après avoir enlevé sa veste imbibée d'eau.
Elle se disait que quitte à ne pas savoir par où continuer, autant attendre et profiter des informations déjà disponibles.
Elle passa la main dans ses cheveux, pour écarter les mèches trempées qui l'empêchaient de voir dans les détails la trace qu'elle examinait.
Celui-ci n'est finalement pas un gros calibre, mais plutôt une arme à répétition, en effet ; le dit trou s'est élargi après avoir logé plusieurs autres balles. De ce fait, on en déduira que l'arme utilisée pour le former est précise, ce qui est fort inquiétant.
Plus inquiétant encore, c'est que certains impacts diffèrent fort de celui-ci. Des tas d'armes de tout types sont utilisées ici.. Les probabilités doivent toutes être explorées, ce qui ne facilitera certainement pas l'investigation de l'agent de la section 9 et mettra sa formation à rude épreuve.
Son tachikoma lui signala finalement, silencieusement, qu'un individu inconnu s'approchait, ce qui força la jeune femme à se détacher de son étude et à se tourner vers la fameuse personne, un sourire en coin aux lèvres.
Le robot était déjà occupé à harceler les pensées de Motoko pour savoir si oui ou non il devait attaquer.
Elle attendait simplement de le savoir.