Koji avait erré dans l'école pendant des heures avant d'enfin découvrir, tout à fait par hasard, l'étage reservé aux chambres des garçons. C'était vraiment difficile de retrouver son chemin dans un tel enchevêtrement de couloirs et de pièces sans le moindre élément pour les différencier. Sans vraiment savoir quelle chambre lui était réservée (et encore moins si quelqu'un lui en avait réservé une), il avait, avec les plus grandes précautions, inspecté les environs jusqu'à ce qu'il tombe sur une pièce qu'il était sûre qu'elle était libre. Prenant ses responsabilités et son courage à deux mains, il décida que cette chambre était désormais la sienne, pour la suite de l'année scolaire.

Elle ressemblait vaguement à une chambre de motel, miteux mais classique, avec un lit déjà fait, aux draps banaux, une table de nuit sur laquelle était posée une lampe de chevet, et une armoire dans laquelle il pouvait ranger ses affaires. Il soupira. Ils auraient pu faire un effort d'originalité dans la décoration des chambres, mais bon, c'était une école de combat, et il pouvait s'estimer heureux d'avoir une chambre qui ne ressemblait pas à celle d'une école militaire !

Il jeta son sac négligemment dans un coin de la pièce, et déboutonna sa veste, avant de la laisser tomber au sol sans y faire attention. Son voyage jusqu'à l'école l'avait littéralement épuisé, le vidant de ses forces, et il avait bien l'intention de les recouvrer à l'aide d'une bonne vieille sieste, à l'ancienne, le meilleur moyen de se refaire une santé. Il se coucha, son énorme corps faisant vaciller le lit, et se dit intérieurement qu'il devrait peut-être en toucher un mot à...mais à qui diable pourrait-il en parler, il n'avait rencontré personne jusqu'à maintenant, à tel point qu'il se demandait si cet établissement n'était pas abandonné !

Yugo en était toujours à l'inspection des lieux de l'école. Il avait quasiment fini, d'ailleurs. Et il n'y avait rien à signaler. Sauf quelques petits détails comme le hall qui était en partie détruit, le toit qui était littéralement à refaire et l'arène qu'il faudrait entretenir en prévision du prochain combat. Il se retrouvait maintenant dans le couloir des chambres des garçons, inspectant le nombre de chambres vides restantes, le nombre de chambres remplies, celles qu'il faudrait arranger.. Comme celle de Shin et celles qu'il faudrait tout simplement déverrouiller en prévision des dernières inscriptions.

Il ouvrait alors sans même toquer aux portes histoire de vérifier que les chambres vides étaient bien vides et en bon état.

Mais des la première à vérifier, il faillit sursauter en tombant sur un énorme personnage qui avait apparemment prit place dans ce dortoir. Il se retint, cela-dit, de montrer le moindre signe de faiblesse et resta droit comme un piquet. Entrant deux pas plus loin dans la chambre et roquant finalement sur la porte histoire de se faire remarquer si ce n'était pas déjà fait.

" J'imagine que tu es nouveau. Je m'appelle Yugo Isono. Cette chambre te convient ? " demanda-t-il à l'inconnu histoire de faire comprendre le plus rapidement possible la raison de son intrusion. Il voulait que l'on ne le prenne pas pour un de ces fouteurs de merde du clan katana ou même du Skingang.

Sans attendre de réponse, il enchaîna. " Comment t'appelles-tu, que je puisse enregistrer cette chambre à ton nom. Je te donnerai les clés tout de suite après. "

Sagara grommela, n'aimant guère être dérangé durant sa sieste. Il jaugea l'inconnu du regard, qui était entré dans sa chambre sans même frapper. C'était une espèce de gringalet, grand de taille, qui s'occupait apparemment de tâches administratives de bas étage. Il ne put donc s'empêcher de faire remarquer :

"T'aurais pas pu t'occuper de ça en venant me chercher dans le hall, au lieu de venir me déranger pendant mon sommeil ? Vous avez de drôles de manières dans cette école."

Il se redressa dans son lit, en se massant le front, de mauvaise humeur, n'ayant pas eu le temps de récupérer comme il l'espérait à la base. Ce n'était pas bon signe, la journée n'avait pas l'air aussi bonne que prévue. Il décidé néanmoins de faire un effort en répondant aux questions fort banales de son interlocuteur.

"Je m'appelle Koji Sagara, alias Sagamask. Cette chambre ne me plait pas plus qu'une autre, mais c'est la seule que j'ai trouvé...c'est fini l'interrogatoire?"

Ses efforts s'arrêteraient là jusqu'à ce qu'il ait pu avoir un temps de sommeil convenable, ce qui n'avait pas l'air possible dans cette école de cinglés.

" Oui Koji. L'interrogatoire est fini. Et vu que ça t'emmerde tellement, tes clés seront disponibles chez le concierge d'ici une heure. De rien. " répondit Yugo d'un ton monotone.

Il était trop fatigué que pour répondre à ce manque de respect. Probablement comme ce type, d'ailleurs. Il aurait aimé pouvoir détailler dans son lit comme il le désirait, mais tout le monde n'avait la cette chance, pensa-t-il. Quoi que... Sa chambre n'était pas bien loin. Et vu l'attitude du gros lard, Yugo pourrait bien faire une sieste avant de s'occuper de ses clés.

Sans rien dire de plus, Yugo Isono prit la porte de sortie en direction du couloir et, plus important, de sa propre chambre où il pourrait enfin se détendre après cette dure journée de labeur.

Sagara se sentait sur le point d'exploser en entendant les nouvelles conneries qu'avait osé déblatérer l'adolescent avant de quitter sa chambre. Concierge ? Mais ou est ce qu'on pouvait le débusquer, ce putain de concierge a la manque ? Il avait passer des heures a l'attendre dans le hall, qu'est ce que cela signifiait, qu'est ce que c'était que ça pour une organisation bordélique ? Il n'en revenait pas.

"Hey gringalet ! Peut-être pourrais tu avoir l'extrême obligeance de m'expliquer ou est ce que je pourrai le trouver, ton petit copain le concierge, comme ça peut être qu'effectivement, je pourrai m'en aller pour le retrouver, qu'est ce que t'en pense, crétin ? Vous pensez a quoi vous dans cette école ? Il vous écrive d'agir normalement, de faire preuve d'organisation pour encadrer les nouveaux élèves qui ne disposent pas d'un don ou d'un sixième sens pour trouver ou se cache le concierge dans une école a l'air aussi immense et gigantesque que celle ci ?"

Il en oubliait presque la fatigue, tant il était hors de lui, faisant de grands gestes et hurlant a tout va, sentant son cœur battre a tout rompre et sa respiration haleter. On le prenait vraiment pour un abruti mais il ne se laisserait certainement pas faire par une espèce de demi portion qui se prenait pour un caïd de la pègre !

Yugo sourit de manière narquoise au tirant musculeux qui s'énervait pour pas grand chose. Décidément la politesse, le respect et le tact n'étaient pas à sa portée malgré sa grande taille. Il était proche de casser les murs avec ses grands gestes, on aurait dit qu'il avait de l'énergie pour cent, ou qu'il n'avait pas bougé depuis bien longtemps. Ce qui n'était pas le cas de l'exécuteur.

Celui s'avança jusqu'à être tout proche de Koji. Il se mît sur la pointe des pieds pour quasiment coller son visage au sien, faisant grandir son sourire. Enfin c'est ce que l'on pouvait penser. Ce mec semblait nerveux et Yugo pourrait plus aisément bouger s'il avait la détente nécessaire. Et son jeu de jambes lui serait bien utile dans ces petites pièces. Il dévisageait le nouveau venu pendant deux trois secondes alors qu'il avait finit son discours.

" Écoute, le rigolo. Tes clés seront chez le concierge, dans le hall la plupart du temps. S'il n'y a effectivement personne, fait le juste savoir à un membre du "club des exécuteurs". Il te filera te clés. Ça te va ou peut-être veux tu que je te tienne la main ? " lui fit-il finalement.

Le "gringalet" qu'était Yugo ne s'inclinait pas dans le club des exécuteurs, il ne s'en ventait pas encore histoire de ne pas passer pour quelqu'un qui profiterait de sa position. Mais il aurait bien voulu lui enfoncer le crâne dans le mur et s'en aller, le tout signé par le club.

Sagara serra les dents, agacé par le comportement du petit garçon qui essayait apparemment de l'intimider, même si cela n'avait aucun effet sur l'énorme lutteur. Le catcheur n'allait pas se laisser faire.

"T'es un exécuteur ou pas, abruti ? Si oui, alors, je te demande de me filer les clés, fais ton boulot, toi, à moins que tu sois un putain d'incompétent comme votre soi-disant concierge, qu'on ne voit jamais ! Il existe, au moins ? Et puis, tu oses me dire que...oh, et puis zut."

Trop énervé pour essayer de continuer son discours, il laissa libre court à sa rage, et, profitant de la proximité de son interlocuteur énervant, lui donna une baffe surpuissante pour l'envoyer voler à travers la chambre, jusqu'à s'écraser contre un mur. C'était sa punition pour avoir osé prendre Sagamask pour un faible étudiant comme les autres. Celui-ci ne se laissait jamais insulter par les soi-disant autorités représentées par des élèves dans les écoles, et il avait pris l'habitude de libérer ses divers établissements scolaires de leurs tyrans.

Cette école n'échapperait pas à la règle !

Il savait que ce géant était instable, ainsi évita-t'il le grand et long mouvement du nouveau en se penchant sur le côté, aidé par les parois du couloir. Car le gros lard avait visé juste, il avait falu se torde pour évité celui-ci mais sa position nouvelle, bien qu'étrange, lui permit d'envoyer un coup de pied directement au visage de ce que l'on pouvait d'écrire comme son adversaire ou un interlocuteur particulièrement énervé.

Il fit des pas étrange tout en se redressant pour prendre ses distances sans calculer le fait qu'il aie touché Koji.

" Tu as fait une grave erreur en t'emportant de la sorte. Mais ne t'inquiète pas, si tu t'arrêtes là je serai indulgent. " lui fit-il d'un ton neutre. Il était plus que sérieux. Malgré la masse que cet homme était, il n'avait strictement aucune chance contre Yugo et ses supérieurs.

Toujours sur ses gardes, il reprit la parole. " Je ne t'ai pas dit que j'étais membre des exécuteurs. Mais tu l'as bien deviné. Et je ne suis pas dans l'obligation de faire tout ceci. Je suis un élève, tout comme toi, non pas le concierge ou un professeurs. Ceux-ci ne sont pas toujours opé mais tu pourras quand même aller chercher tes clés. Tu ne m'as aucunement donné l'envie de t'aider d'une quelconque manière, et tu le comprendras. "

Conscient qu'il parlait beaucoup et que Koji n'avait pas réagit, il baissa la garde et posa une épaule sur le mur le plus proche. " Tu trouveras tes clés chez le concierge, dans le hall. Et si ça n'est vraiment pas le cas, j'accepterai ÉVIDEMENT de t'aider. " finit-il par avouer, se trouvant extrêmement sympathique.

Il se redressa et tourna le dos à la nouvelle recrue qu'était Koji. Une masse, pleine de muscles, et plutôt susceptible.

Sagara le regarda en haussant les sourcils, véritablement choqué par le comportement de cet espèce de porte-manteau ridicule (?). Il ne comptait pas se laisser faire sans rien dire, et, bien que non violent à la base, il n'hésiterait pas à employer la manière forte si on ne lui en laissait pas le choix.

"Je déteste les pingouins dans ton genre. TU es venu me déranger pendant mon sommeil, et TU me donnes tout un tas d'ordres. Je ne vois vraiment pas pour qui tu te prends, je pense que tu a la tête un peu trop gonflé pour tes petites épaules. Alors laisse moi te dire un bon truc, espèce de rat d'égout, tu ne m'impressionnes pas, et si il y a une chose que j'exècre par-dessus tout, c'est les gens qui croient représenter le pouvoir et l'autorité, et en abuse pour manquer de respect aux gens. Tiens-le toi pour dit, cancrelat. Pour le reste, je me débrouillerai très bien tout seul, je ne te demanderai certainement pas de l'aide vu que tu n'as pas l'air assez qualifié pour assumer tes fonctions, incompétent que tu es."

Puis, se désintéressant totalement du maigrichon prétentieux qui lui faisait face, il se retourna vers son lit et entreprit de le faire. Incroyable que dès son arrivée, des gens viennent lui parler de cette manière, se sentant certainement supérieur, mais ne se rendant pas compte qu'il n'en était rien. En tant que chef du gang des rebelles, il allait avoir beaucoup de boulot dans cette école, ça ne faisait aucun doute, mais tant mieux, c'est pour cela qu'il s'y était inscrit.

Et si il devait y avoir de la castagne, ça n'en était que positif, vu ses gros bras, il en écraserait plus d'un. Djoto, tu as un nouveau maître.

Yugo se contenta de sourire avec mépris pour ce gros tas de muscle lorsqu'il l'accusa de ne pas avoir le pouvoir d'assumer son rôle. Il avait prouvé le contraire, surtout ces derniers temps, et pensait ne pas avoir à prendre en copte cette ultime remarque, tout simplement. Il était amusé par le manque de respect que lui montrait cet étudiant, plaidant pourtant cette valeur. Le respect... il fallait savoir le montrer pour les bonnes personnes. Cet homme était visiblement perdu de ce côté là, insultant littéralement Yugo, pourtant bien au dessus de lui dans l'échelle d'importance de cet institut.

Malgré ce manque d'éducation, le voyou que Yugo était n'était pas du genre à se montrer particulièrement violent. Encore moins avec les inconnus, moins encore avec les nouvelles recrues. Il laisserait cet impertinent se faire remettre en place lors de ses combats dans l'arène et rierait, la bouche bien ouverte, dans les gradins. C'était le seul traitement que ce mec méritait.

En attendant, l'exécuteur, malgré ses responsabilités et les critiques de son interlocuteur, s'en alla et laissa Koji se débrouiller tout seul comme il en avait fait la requête.

Les mains dans les poches, il disparu du couloir.