Cela faisait maintenant un petit moment que Shunkan avait fait son entrée à Djoto. Elle avait d'ailleurs attiré tous les problèmes dès son arrivée en faisant la rencontre de Gurdo qui était quelqu'un de particulièrement charmant. Ahem... Enfin, les ennuis s'étaient succédés à une vitesse folle pour la jeune fille qui ne voyait désormais plus le bout du tunnel et semblait avoir une terrible malchance collée à la peau. Au moins, depuis qu'elle était sortie de l'infirmerie (pas si longtemps que ça tout compte fait) sa vie à l'institut s'était faite plus paisible et agréable.

Aujourd'hui, elle l'avait décidé, elle allait sortir de sa chambre pour prendre un bon bol d'air frais. Shunkan profita de l'odeur de ses draps qui commençait à devenir louche pour avoir un bon prétexte pour sortir et trouver un peu de courage à affronter le monde extérieur. Elle était d'abord passée à la buanderie qui était totalement vide pour laver ses draps mais n'avait vraiment pas envie d'utiliser un séchoir automatique qui l'obligerait à attendre encore un bon moment dans la petite pièce obscure.

Une seule solution ; le toit ! Shunkan n'avait pas osé y retourner depuis l'altercation qu'il y avait eue entre Fame, elle et le club de Juken. Une stupide querelle pour le toit qui, selon la jeune fille, n'appartenait à personne. Maya avait d'ailleurs mit fin à cette dispute ridicule ce qui avait permis à la petite élève de s'en sortir sans encombres qui l'en remerciait toujours aujourd'hui. Il était vrai que sa chef de clan avait été assez impulsive sur ce coup, ce n'était pas quelque chose que Shunkan appréciait vraiment mais jamais elle ne manquerait de respect ou n'oserait critiquer Fame.

Elle se tenait désormais fièrement sur le toit en remerciant le ciel de lui offrir une si belle journée. Ce dernier était entièrement dégagé et laissait ainsi le soleil caresser le visage de Shunkan avec douceur alors qu'une légère brise jouait avec les longs cheveux de la jeune fille. Le temps était idéal pour faire sécher son linge et elle ne regrettait pas une seule seconde de s'être rendue sur le toit qui était finalement un endroit si agréable lors d'une belle journée de printemps. Des cordes étaient déjà tendues, entre la cage d'escalier et le grillages assez bas qui entourait le toit, ce qui indiquait que d'autres élèves avaient pour habitude d'y pendre leur linge. La jeune fille, munie d'un petit seau rempli de pinces à linge entreprit de pendre ses gigantesques draps qui sentaient désormais la lavande (hmm) ce qui lui prit tout de même un certain temps.

Après s'être battue avec le vent qui se jouait véritablement d'elle, Shunkan pu admirer le travail non sans fierté. Il commençait à faire chaud ; la jeune fille retira sa longue veste qui ne la quittait que rarement et s'allongea sur la surface en béton du toit. Se servant de sa veste roulée en boule comme d'un oreiller, la jeune fille se recroquevilla sur elle même et ferma les yeux. C'était agréable d'être allongée sur ce sol qui avait été réchauffé par le soleil. Shunkan avait terriblement besoin de décompresser, couchée de la sorte, elle ressemblait à une petite fille. Elle pouvait bien rester là en attendant que son linge sèche, c'était tellement agréable. C'était peut-être la première fois qu'elle se sentait si bien depuis qu'elle était arrivée à Djoto.

Soichiro était assis sur le petit toit qui abritait le dernier palier de la cage d'escalier de l'école, par lequel Shunkan était passée quelques minutes auparavant. La reconnaissant puisque c'était contre elle et son clan qu'il s'était battu pour obtenir le toit comme territoire, il l'observa en se demandant ce qu'elle revenait faire là. La réponse vint bientôt d'elle-même : elle venait pendre son linge comme bon nombre d'autres étudiants trop peu méfiants. Le blondinet aimait en effet de temps en temps jeter des vêtements du toit, juste pour ennuyer les imbéciles qui venaient empiéter sur son territoire durement gagné.

Ne voyant aucune agressivité cependant chez la jeune fille, il se résigna à la laisser tranquille, puisqu'elle venait simplement secher ses habits fraichement laver. Mais lorsqu'il la vit s'allonger, ce fut trop. Comment pouvait-elle profiter à ce point d'une zone qui ne lui appartenait pas ? C'était fou cette attitude dédaigneuse et provocatrice qu'avaient tous les élèves du clan Karasu, elles adoraient provoquer des bagarres ! Peut-être aimaient-elles prendre des raclées par des beaux gosses tels que Soichiro ou Takayanagi, alias les don juan du club de Juken .

Il sauta de son perchoir, faisant sursauter la jeune fille qui n'avait toujours pas remarqué sa présence jusque là, et se dirigea vers elle, les mains dans les poches, l'air mécontent. Il avait particulièrement l'air d'un voyou quand il faisait cette tête (ce qu'il était, quand on y réflechissait deux secondes).

"Hey toi ! Cesse donc de te prélasser sur le toit, il appartient désormais au club de Juken, et tu le sais, puisque c'est avec ta défaite qu'on en a pris possession ! Je veux bien que tu viennes y faire sècher ton linge, mais tu exagères, évidemment, comme tout le monde ! Je suis trop gentil avec les bons à rien, et je finis toujours par amèrement le regretter ! C'est incroyable ça tout de même ! Tu me fais le plaisir de prendre tes clics et tes claques et de te barrer d'ici immédiatement, avant que je me fâche pour de bon !"

(Beau-gosse et don juan ? haha très bien, tu vas devoir assumer maintenant ;o)

Shunkan n'en revenait pas ! Mais d'où est-ce qu'il sortait celui là ?! Elle avait cru pourvoir être tranquille
pendant quelque temps mais ce n'était apparemment pas possible dans cette école de fou. La jeune fille reconnu alors immédiatement le type du club de Juken. Provocateur, chiant, gueulard... Un vrai gamin qui se prenait pour un voyou terrifiant et qui devait avoir très peu de succès auprès des filles. Shunkan se fichait totalement de son avis, après toutes les rencontres qu'elle avait faite elle se rendait compte qu'il ne valait mieux pas se laisser marcher sur les pieds au risque de passer pour une mauviette. Ce n'était pas très plaisant et elle n'aimait pas les ennuis mais cette fois-ci c'était la goutte d'eau qui faisait déborder le vase ! Elle n'allait certainement pas s'en aller comme si de rien était.

La jeune fille avait relevé la tête, les yeux mis clos : elle était aveuglée par le soleil. L'air de rien, le garçon était vraiment mignon, c'était la première fois que Shunkan remarquait quelque chose dans ce genre chez un élève de l'institut ce qui la perturba un instant. Elle était honteuse de prendre le temps de faire ce type de constatation lors d'une telle situation, elle sentit le rouge lui monter aux joues mais il avait une expression sur le visage pas mal repoussante ce qui permit à la jeune fille de reprendre ses esprits. Elle n'était ni en colère, ni énervée, elle ne voulait ni se battre, ni débattre sur le titre de propriété du toit. Ce genre de chose commençait à être pénibles et sans intérêt aux yeux de Shunkan qui affichait désormais un air totalement indifférent sur le visage. N'était-il pas fatigué de toutes ces querelles, lui ? La situation était ridicule, la jeune fille n'avait pas envie de faire du toit son "repère secret", c'était absurde. Elle n'avait tout bonnement aucune raison de se chamailler avec le garçon mais elle ne voulait pas s'en aller non plus. Alors elle lui sourit, sa bonne humeur toujours d'actualité;

"Le toit t'appartiens si tu veux, je n'y vois aucun inconvénient et je n'en ai surtout rien à faire mais je ne vais pas m'en aller pour autant. N'es-tu pas fatigué de te battre sans arrêt pour des choses aussi futiles ? Tu devrais toi aussi penser à te détendre de temps en temps. D'ailleurs, c'est hyper agréable d'être allongé ici, tu devrais en faire autant."

Elle avait parlé sur un ton parfaitement amical et l'avait invité à prendre place à côté d'elle d'un geste de la main même si la jeune fille ne savait pas du tout de quelle manière le garçon voyait les choses et quelle serait donc sa réaction. Bah, peu importait, Shunkan se rallongea sans rien ajouter laissant ainsi Soichiro réfléchir à ce qu'elle venait de lui dire.