Genji errait dans les couloirs de l'école d'un air absent, trainant négligemment sa batte de baseball derrière lui. Il aimait se donner des airs de mauvais garçon, bien qu'il n'ait pas réellement besoin de faire des efforts pour donner ce genre d'impression aux gens qui l'entouraient. Après tout, c'était une question de réputation, surtout dans un endroit comme Djoto, où des gars monstrueusement puissants se battaient nuit et jour.
Pour lui qui était le Roi des voyous dans sa ville, la transition n'était pas évidente. Entre ces murs, il n'était encore qu'un inconnu, un nouveau venu qui avait encore tout à prouver et qui devait surtout gagner le respect de ses pairs. Ce qu'il comptait bien entendu accomplir le plus rapidement possible et ce dès qu'il en aurait la moindre occasion.
Il était perdu dans ses pensées lorsqu'un drôle de bruit lui ramena brutalement les pieds sur terre. Des petits bruits sourds qui retentissaient dans le couloir vide de toute présence humaine, et, par conséquent, complètement silencieux. Il en reconnut immédiatement l'origine ; quelqu'un tapait sur un sac de frappe, un son qu'il avait déjà entendu de si nombreuses fois dans sa vie qu'il n'avait bien évidemment aucun mal à l'identifier. Ce son lui rappela alors un tas de souvenirs auxquels il aurait préféré éviter de penser s'il avait eu le choix, et celui fit monter une pointe de colère en lui. Il la balaya avant de se remettre en route, cherchant l'entrée de la salle de boxe qui devait se trouver quelque part dans ce couloir, aidé de ses souvenirs et du bruit qui continuait de retentir à intervalles réguliers.
Il trouva rapidement l'entrée dans la salle, fermée par une porte à doubles battants occidentale, qu'il ouvrit d'un coup de pied brutal afin de faire une entrée en scène remarquée et remarquable. Son coeur battait à tout rompre, car il faisait peut-être ses premiers pas dans l'histoire de cette légendaire école, mais également parce qu'il envisageait la possibilité qu'il s'apprêtait à se faire casser la gueule par un élève plus balèze que lui. Mais il n'avait pas peur.
A sa grande surprise, la boxeuse était en réalité une adolescente de petite taille et de corpulence fluette. Il se rappela l'avait déjà aperçue à plusieurs reprises, mais pour lui qui était encore nouveau, dur de mettre des noms sur les visages. Cependant, il était presque sûr que l'inconnue figurait en bonne place du classement des combattants du pensionnat. Pourtant, lorsqu'il la jaugeait du regard, elle n'était guère impressionnante. Il choisit de s'en méfier tout de même, conscient plus que quiconque que l'habit ne faisait pas la moine, adage qui était encore plus vrai ici que dans le monde extérieur.
Sans abandonner ses airs de gros dur, il avança vers la jeune fille en maintenant sa batte à l'horizontale derrière sa nuque à l'aide de ses deux bras. La clope éteinte qu'il tenait avec dédain au bout des lèvres ajoutait encore une petite touche racaille à l'ensemble qu'il appréciait tout particulièrement.
Lorsqu'il ne fut plus qu'à quelques pas de la petite boxeuse, qui n'avait toujours pas cessé de donner des coups rageurs à son pauvre sac de frappe, il s'éclaircit bruyamment la gorge afin d'attirer son attention. Puis, fier de son petit effet, il cracha sa cigarette au sol et lui jeta un regard noir qui se voulait intimidant, et, en bon Japonais qu'il était, se mit à hurler à la manière d'un Yakuza.
"Hey toi ! Plutôt que de frapper sur un putain de sac de frappe comme une dingue, exerces-toi d'une vraie manière ! Je cherche un adversaire à défoncer avec ma batte de baseball fétiche !"
Comme s'il fallait expliquer à la demoiselle ce qu'était une batte de baseball, il l'agita sous son nez, tout en lui jetant un regard qui lui démontrait qu'il la prenait pour une handicapée mentale. Il espérait bien sûr la provoquer, mais tout en restant toujours sur ses gardes au cas où elle était bien plus forte que son apparence laissait à penser.

Genji était irrité, blessé dans son orgueil.  Une grosse veine apparut sur son front et se mit à battre frénétiquement, témoignage physique de sa fureur.  Cette fille se foutait de sa gueule, ou bien...?  D'un geste brutal, il lui arracha sa batte des mains et la lança à l'autre bout de la salle.  Il n'en avait plus besoin puisque, de toute évidence, elle ne semblait pas très intimidée par l'arme en métal.  Puis, tout en faisant de son mieux pour se contrôler un minimum afin de garder l'air cool de mauvais garçon qui le caractérisait, il s'approcha si près de son interlocutrice que leur visage se touchait presque.  Il devait tellement se pencher vers elle qu'il avait l'impression de se plier en deux, tant elle était minuscule par rapport à lui, bien qu'il n'était pas particulièrement grand pour un garçon.
"Dis doooooonc toiiiii ?"rugit-il avec sa voix de yakuza furax."Tu t'es prise pour quiiiiiii, heiiiiiiin ?  Sois honorée que je te provoque en duel d'entraînement, j'aurai pu directement écraser ta petite tête de punaise en un seul coup de pied ! Alors remercie-moi!"
Il se calma néanmoins, car l'attitude de cette étrange énergumène en disait long sur son comportement.  Elle avait l'air furieuse, et peut-être était-ce cette colère qui lui donnait le courage de le braver ainsi, mais Genji se méfiait de ce genre de réaction.  Il avait de plus en plus de mal à évaluer la force de cette jeune fille, et estimait qu'il valait mieux en rester là pour l'instant.  Mais il n'était pas question qu'il quitte les lieux la tête basse, et il devait se montrer impitoyable avec elle pour lui montrer qu'il ne valait mieux pas trop faire la maligne avec lui, sous peine d'avoir de gros problèmes.  Tout était une question de réputation.
Tout en continuant de la fusiller du regard, il sortit une nouvelle cigarette de sa poche, et fit craquer une allumette contre la semelle de l'une de ses chaussures.  Il alluma la clope d'un geste nonchalant, prit une profonde bouffée, et recracha toute la fumée dans le visage de son interlocutrice, ultime geste de provocation.  Si elle désirait contre-attaquer, il se défendrait, mais si elle restait passive, il la laisserait tranquille.  Même si ça ne se terminait pas en combat, il sortirait grand gagnant de leur confrontation après un tel acte, et c'était tout ce qui comptait.  En tout cas, elle ne risquait pas de l'oublier.
Ensuite, prenant une pose digne d'un manga de yakuza, il s'écria sur un ton furibond ;
"Souviens-toi de moi, petite punaise !  Je suis Genji Takia, et je serai bientôt le Roi de Djoto, comme je l'ai été de toutes mes écoles précédentes !  Tu as l'honneur de te trouver en présence du combattant le plus fort de toute l'école !"
Puis il reprit une bouffée de tabac en prenant un air mystérieux qui devait lui donner une classe folle.  Il était décidément trop stylé.

Shunkan ne s'était pas trompée. Ce type était tout aussi prétentieux, bête et taré que les autres élèves de l'école. Sa réaction elle-seule le prouvait. Il se croyait déjà roi de l'institut à peine arrivé et pensait pouvoir défier tous ceux qui croisaient son chemin. Mais il fallait un peu redescendre sur terre là... il avait de la chance d'être tombé sur la gentille Shunkan. Son ton désagréable et ses provocations n'auraient pas été ignorées par beaucoup à Djoto.

- Un duel d'entraînement ? Laisse moi rire ! dit-elle, un sourire méprisant au visage Ta condescendance me donne tellement envie de pratiquer le combat avec toi !

Il était décidément trop prétentieux, et ça lui déplaisait énormément. Elle méritait un minimum de respect, comme tout être humain sur terre, et il allait devoir l'apprendre. Un jour, il tombera bien sur quelqu'un de plus fort, de plus confiant et de plus agressif; alors, il regrettera son comportement.
Poussant un peu plus dans la provocation, Genji lui cracha la fumée de sa cigarette à la figure. Shunkan ferma les yeux, le visage indifférent avant de lui tourner le dos et de recommencer à cogner le sac.

- Cherche plutôt à te faire des alliés avant de t'attaquer aux inconnus. Tu risquerais de tomber sur des gens au sang chaud, et là, tu regretteras de n'avoir liée aucune amitié car personne ne viendra à ton aide.